Un mois après le séisme et le tsunami, la ville indonésienne de Palu est menacée d'une grave crise sanitaire du fait de torrentielles pluies de mousson qui risquent de favoriser la propagation du paludisme et de la dengue.
Des quartiers entiers de cette agglomération de l'ouest de l'archipel des Célèbes avaient été réduits à néant le 28 septembre par le séisme de magnitude 7,5 et le raz-de-marée qui avait suivi.
La catastrophe a fait au moins 2.200 morts et plus de 220.000 déplacés. Mais des milliers d'autres habitants sont portés disparus depuis que certains districts se sont littéralement enfoncés dans la terre en raison des secousses telluriques, un processus connu sous le nom de liquéfaction.
Et pour tenter de lutter contre les maladies, les autorités ont aspergé de désinfectant par hélicoptère certains quartiers de Palu, où 5.000 corps pourraient être en train de pourrir dans les ruines.
Elles tentent également d'empêcher la prolifération d'espèces vectrices de maladies, comme les mouches, les cafards ou les rats.
Mais des ONG font d'ores et déjà état d'une hausse des cas de diarrhée et d'infection respiratoire, ainsi que de cas suspects de maladies véhiculées par les moustiques, comme le paludisme ou la dengue.
Les fortes précipitations attendues dans les mois qui viennent pourraient aggraver la situation sanitaire.
«Idéal pour les moustiques»
«Il est probable que davantage de gens tombent malades (...) vu la difficulté à maintenir des conditions d'hygiène normales», a déclaré Selina Sumbung, présidente de l'ONG Yayasan Sayangi Tunas Cilik, partenaire de Save the Children en Indonésie.
«La pluie offre un terreau idéal pour la reproduction des moustiques, alors que des centaines, voire des milliers de corps sont en train de se décomposer dans le sol.»
Les enfants, dont beaucoup ont été séparés de leur famille par le séisme et le tsunami ou sont devenus orphelins, sont particulièrement vulnérables.
Après les retards des premiers jours, qui avaient entraîné des pillages, l'arrivée de l'aide indonésienne et internationale s'est accélérée au fil des semaines.
L'électricité et le téléphone ont été rétablis dans de nombreux quartiers où des restaurants, magasins et marchés ont rouvert. Mais de nombreux défis demeurent.
Les centaines de milliers de déplacés restent éparpillés dans de nombreuses zones. Beaucoup vivent à l'extérieur de leur maison en ruine, ou dans des camps où ils dépendent intégralement de l'aide extérieure.
L'eau potable doit être acheminée par camion. Les toiles de tente, bâches et les couvertures manquent.
«Promiscuité»
«Nous savons qu'il y a immanquablement des problèmes d'hygiène quand les gens vivent dans des tentes ou sous des bâches», concède Andreas Weissenberg, de l'équipe de la Croix-Rouge à Palu.
«Les gens vivent dans la promiscuité, c'est difficile de rester propre. Parfois il n'y a pas d'accès à l'eau ou aux latrines.»
Dans certaines zones reculées, les pluies de mousson ont d'ores et déjà transformé les routes en bourbier et fragilisé certaines collines, aggravant les risques de glissements de terrain. Ce qui complique l'acheminement de l'aide.
Les autorités ont rabaissé vendredi le niveau d'alerte, ouvrant la voie à une «phase de transition» qui se poursuivra jusque Noël.
L'Indonésie a estimé que les dégâts dans la zone ravagée par le séisme et le tsunami se chiffraient à 900 millions de dollars. La Banque mondiale a proposé à Jakarta pour plus d'un milliard de dollars de prêts pour la reconstruction de la région de Palu.
Le gouverneur de la province de Central Sulawesi, Longki Djanggola, a affirmé jeudi que 70% de la ville de Palu avait été nettoyé et que l'eau courante serait rétablie en décembre.
Plus de 1.400 tentes ont été montées pour accueillir les enfants dans des salles de classe temporaires.