Angela Merkel et sa coalition gouvernementale pourraient subir un nouveau revers cinglant dimanche lors d'élections dans la riche région de Hesse, qui risquent de fragiliser un peu plus une chancelière usée par 13 ans de pouvoir.
Deux semaines après un scrutin déjà catastrophique pour son camp conservateur en Bavière, Angela Merkel, dont le mandat court jusqu'en 2021, pourrait voir le débat relancé sur son avenir en cas de piètre performance dans ce Land où se situe la capitale financière de l'Allemagne et siège de la Banque centrale européenne (BCE), Francfort.
Si les dernières enquêtes d'opinion qui crédident son parti conservateur, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), de 26 à 28% des intentions de vote, se confirment, cela signifierait une perte de dix points par rapport au dernier scrutin régional il y a cinq ans.
Pour son partenaire social-démocrate (SPD) au sein du gouvernement à Berlin, qui accumule les gifles électorales depuis les législatives de 2017, la dégringolade pourrait être du même ordre, avec un score attendu de 20 à 21%.
Les premiers sondages sortie des urnes sont attendus à la fermeture des bureaux de vote vers 18h00 heure locale (17h00 GMT).
La chancelière ne devrait toutefois s'exprimer que lundi.
«Sous pression»
«Angela Merkel est chancelière depuis 13 ans mais jamais encore elle n'a été politiquement autant sous pression», résume samedi le quotidien Süddeutsche Zeitung.
La menace pour la chancelière est d'autant plus concrète qu'elle affrontera début décembre un vote des militants pour la présidence du parti.
Or certains cadres ne font plus mystère en coulisses de la nécessité pour la CDU de changer de cap et de mettre plus la barre à droite face à la montée en puissance de l'extrême droite, ce qu'Angela Merkel n'a fait jusqu'ici qu'avec parcimonie.
«Personne ne peut dire à 100% à quel point les choses vont rester stables» après cette élection, a d'ailleurs prévenu la numéro deux du parti CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, une proche de la chancelière.
Une débâcle de la CDU, qui dirige ce Land depuis près de deux décennies, aurait d'autant plus d'impact que le ministre-président sortant est un fidèle de Mme Merkel, Volker Bouffier.
Il lui a notamment témoigné un soutien sans faille depuis sa décision controversée d'accueillir plus d'un million de migrants en 2015 et 2016.
Fin de carrière
La chancelière, à la tête de la CDU depuis plus de 18 ans, vient d'elle-même d'évoquer de manière détournée la fin de sa carrière politique, jugeant que «tous ceux qui dans le passé ont voulu régler eux-mêmes leur succession ont échoué».
Aucun rival au sein de la CDU ne s'est toutefois ouvertement déclaré jusqu'ici.
Autre danger potentiel pour la dirigeante de 64 ans : l'affaiblissement considérable de son partenaire social-démocrate au gouvernement fédéral.
Un nouveau revers en Hesse relancerait le débat en interne sur l’opportunité pour un SPD en déroute de quitter le gouvernement.
Les Allemands apparaissent lassés des conflits récurrents au sein de la coalition, initiés notamment par la CSU, le partenaire bavarois de la CDU, qui tente d'imposer un tour de vis sur l'immigration. «La crise de la grande coalition confère un poids énorme au scrutin en Hesse», résume l'hebdomadaire Der Spiegel.
A l'inverse, les Verts ont le vent en poupe dans les sondages en Hesse et au niveau national après un score flatteur en Bavière mi-octobre. Les sondages leur prédisent 20% à 21% des voix.
Emmenés par Tarek Al-Wazir, premier responsable politique d'envergure d'origine arabe, les «Grünen» sont portés par les inquiétudes environnementales des Allemands mais aussi, comme ils l'admettent eux-mêmes, par les bisbilles gouvernementales.
Ils rêvent même de conquérir dimanche une seconde région, après le Bade-Wurtemberg qu'ils dirigent depuis 2011 en se montrant extrêmement pragmatiques.
Avec un score attendu autour de 13%, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), né il y a cinq ans seulement, devrait achever son implantation régionale en étant désormais représenté dans les parlements des 16 Länder.