Des milliers de migrants honduriens se trouvaient bloqués par les forces de l'ordre mexicaines vendredi après avoir forcé la frontière entre le Guatemala et le Mexique dans l'espoir de rejoindre les Etats-Unis.
Ces migrants, qui convergeaient depuis plusieurs jours dans la ville-frontière de Tecun Uman, au Guatemala, ont enfoncé dans l'après-midi une clôture métallique du poste frontière guatémaltèque. Ils ont ensuite progressé jusqu'à un pont frontalier où des forces anti-émeutes mexicaines leur barraient la route en attendant qu'ils puissent être reçus à tour de rôle pour commencer des formalités administratives.
Fuir la violence
Les policiers fédéraux mexicains laissaient toutefois passer des femmes et des enfants, qui montaient sur des camions pour rejoindre des refuges, encadrés par des agents des migrations, a constaté une journaliste de l'AFP. «On pensait passer tranquillement et il a commencé à y avoir des jets de pierre ou de gaz (lacrymogènes)», regrettait Marta, 28 ans, en larmes après avoir perdu dans la foule des migrants deux fils de 10 et 15 ans. «On fuit la violence et on se fait frapper en arrivant ici», déplorait-t-elle, tout en allaitant son bébé. «Jamais on n'aurait pensé que cela allait se produire», ajoutait Josué, un chauffeur de taxi de 32 ans, patientant derrière les grilles près des forces de l'ordre.
«Nous resterons ici jusqu'à ce qu'ils nous ouvrent», a prévenu Adonai, 36 ans, qui voyage avec ses neveux de deux, trois et 14 ans. Certains migrants ont préféré sauter dans la rivière, depuis le haut du pont, pour tenter leur chance à la nage ou en grimpant sur des embarcations.
D'autres ont rebroussé chemin vers Tecun Uman pour s'y reposer et s'hydrater, avant de retenter leur chance. «Nous ne faisons rien de mal, nous voulons seulement du travail», expliquait un peu plus tôt, au milieu de la foule, une femme accompagnée d'une fillette. «Nous allons y arriver! Nous allons parvenir à rentrer tous ensemble» scandait un jeune homme alors que les migrants se massaient sur le pont.
Défi à Trump
Près de 4.000 Honduriens, formant une «caravane» humaine, sont arrivés en petits groupes, à pied ou par bus, au cours des derniers jours à Tecun Uman. Ils avaient quitté samedi San Pedro Sula, dans le nord du Honduras, fuyant la misère et la violence dans leur pays.
«La route a été très difficile, très effrayante, mais il n'y a pas de travail au Honduras», a expliqué Glenda Salvador, 20 ans, au milieu de centaines de compatriotes réunis dans un parc de la ville, à quelques encablures du pont qui enjambe le fleuve Suchiate et relie le Guatemala au Mexique.
Jeudi, le président américain Donald Trump avait menacé de fermer la frontière avec le Mexique si les autorités mexicaines ne bloquaient pas l'avancée des migrants. «Je dois, dans les termes les plus fermes, demander au Mexique de stopper cette marche. Si le Mexique n'y arrive pas, je demanderai à l'armée de FERMER NOTRE FRONTIERE SUD», avait tweeté le président américain.
«Une crise se profile rapidement, avec un nombre record de migrants», a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors d'un déplacement à Mexico, où il devait s'entretenir avec le président Enrique Peña Nieto.
Cinq refuges
A Ciudad Hidalgo, sur la rive mexicaine, les autorités locales s'attendent à l'afflux de 3.000 migrants dans les prochains jours. Le chef de la police de la ville Gerardo Hernandez a indiqué que cing refuges avaient été préparés, capables d'héberger jusqu'à 4.000 personnes.
Des fonctionnaires de l'Institut mexicain des migrations sont aussi sur place pour traiter les demandes de visas de réfugiés ou de visas humanitaires, les seuls que le gouvernement mexicain s'est dit prêt à accorder à ces Honduriens.
Le Honduras est considéré comme l'un des pays les plus violents du monde, avec un taux annuel de 43 homicides pour 100.000 habitants. Comme au Guatemala et au Salvador, les gangs font régner la terreur dans le pays, où 68% des neuf millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Plus de 500.000 personnes traversent chaque année illégalement la frontière sud du Mexique pour tenter ensuite de remonter vers les Etats-Unis, selon des chiffres de l'ONU.