Un ancien dirigeant du MI6, les services secrets britanniques, a affirmé à la BBC que toutes les preuves attestent de la responsabilité de l'héritier concernant la mort supposée du journaliste Jamal Khashoggi, disparu depuis le 2 octobre.
Selon Sir John Sawers, qui affirme se baser sur des conversations avec des sources haut placées au gouvernement et sa bonne connaissance des services secrets turcs, la théorie selon laquelle des élements militaires saoudiens auraient agi de manière indépendante pour éliminer Khashoggi est de la «pure fiction».
Et Sir John Sawers, qui a quitté les services secrets britanniques en 2014, va plus loin en affirmant que le prince Ben Salmane n'aurait pas agi ainsi s'il n'était pas certain d'être couvert par la Maison Blanche quoiqu'il fasse.
Il est dangereux d'avoir des gens qui pensent jouir de l'impunité
«Je pense que le président Trump et son équipe ministérielle commençent tout juste à réaliser à quel point il est dangereux d'avoir des gens qui pensent jouir de l'impunité, ne craignant pas de voir leur relation avec les Etats-Unis remise en cause, a déclaré Sir John Sawers à la BBC. S'il est prouvé, et il semble que cela sera le cas, que le prince Ben Salmane a ordonné le meurtre du journaliste, il serait allé trop loin, ce qui obligera le Royaume-Uni, l'Union Européenne et les Etats-Unis à réagir.»
L'ancien dirigeant des services secrets a également déclaré avoir totale confiance dans les informations fournies par les services secrets turcs, estimant qu'en raison des tensions entre la Turquie et l'Arabie Saoudite il est certain que le consulat saoudien à Istanbul (où Khashoggi a disparu) était truffé de micros, ou que les services aient intercepté les communications entre les membres du commando soupçonné d'avoir «éliminé» le journaliste.
Il a également estimé que le profil des membres de ce commando montre à quel point ils sont proches du prince héritier. Enfin, il pense que l'affaire va affaiblir Ben Salmane, ce qui poussera les chefs religieux conservateurs saoudiens à tenter d'en profiter pour réduire son influence. Le prince est en effet considéré comme progressiste, et a notamment pris plusieurs mesures pour donner des droits aux femmes.