Le Nobel de la paix est important «pour toutes les femmes» victimes de violences sexuelles, a estimé la Yazidie Nadia Murad, elle-même ex-esclave sexuelle des jihadistes, après avoir remporté le prix vendredi 5 octobre avec le médecin congolais Denis Mukwege.
«Cela signifie beaucoup, pas seulement pour moi mais pour toutes ces femmes en Irak et dans le monde entier», a dit la jeune irakienne de 25 ans par téléphone au site Nobel officiel. «Ce n'a pas été facile pour moi de parler de ce qui m'est arrivé parce que ce n'est pas facile, particulièrement pour les femmes au Moyen-Orient, de dire qu'on a été des esclaves sexuelles», a-t-elle souligné.
«Leurs voix sont entendues»
Comme des milliers de filles et femmes yazidies, une communauté d'Irak que les jihadistes considèrent comme hérétiques, Nadia Murad a été réduite en esclavage sexuel par Daesh en 2014, avant de parvenir à s'évader.
«Pour toutes ces petites communautés qui sont persécutées, ce prix me dit que leurs voix sont entendues», a-t-elle ensuite ajouté dans des propos tenus en kurde et traduits par son compagnon. «Nous espérons que ce sera une voix pour toutes les femmes qui souffrent de violences sexuelles dans de nombreux autres conflits», a-t-elle ajouté.
Aujourd'hui ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains, Nadia Murad, dont six frères et la mère ont été tués par Daesh, milite désormais pour que les persécutions commises contre les Yazidis soient considérées comme un génocide. La jeune femme et Denis Mukwege, gynécologue qui soigne les femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC), se sont vu attribuer le Nobel de la paix «pour leurs efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre».