La plainte pour viol contre l’attaquant portugais Cristino Ronaldo a été classée sans suite. Dès 2019, la justice américaine avait décidé de ne pas poursuivre le joueur au pénal, faute de preuves.
Affaire close. La plainte au civil pour viol contre le footballeur portugais Cristiano Ronaldo déposée par une ancienne mannequin américaine aux Etats-Unis a été classée sans suite par une juge américaine, selon la décision de justice consultée samedi par l'AFP.
La juge d'un tribunal du Nevada a classé l'affaire vendredi en raison des irrégularités reprochées à l'avocat de la plaignante Kathryn Mayorga.
L'ancienne mannequin américaine affirmait dans une plainte déposée dans l'Etat du Nevada que Ronaldo l'a sodomisée de force le 13 juin 2009 et a exercé des pressions pour lui faire signer un accord financier la contraignant au silence.
En 2018, la police américaine avait décidé de rouvrir l'enquête à la demande de la plaignante.
«La plainte de Mme Mayorga, les preuves physiques de son agression sexuelle (...) ne sont pas des «fake news»», avait rétorqué son avocat, Leslie Stovall, dans un communiqué.
Selon lui, Kathryn Mayorga espèrait non seulement «obtenir justice» en mettant Cristiano Ronaldo face à ses responsabilités, mais aussi l'empêcher de recommencer et «encourager toutes les victimes d'agressions sexuelles» à poursuivre leurs auteurs, «aussi célèbres, riches ou puissants puissent-ils paraître».
La plaignante avait «peur d'être humiliée»
Le 13 juin 2009, la plaignante avait bien dénoncé un viol présumé à la police de Las Vegas, et faisait l'objet d'un examen médical. «Mais à l'époque où la déposition avait été prise, la victime n'avait pas fourni aux détectives ni le lieu de l'incident, ni la description du suspect», souligne lundi la police de Las Vegas, en réponse à une question de l'AFP sur cette affaire.
D'après la plainte, la jeune femme s'était en effet abstenue de citer nommément Cristiano Ronaldo, se contentant d'évoquer «un joueur de football célèbre», et la procédure avait tourné court.
Elle avait eu peur d'être «humiliée publiquement» et de subir des mesures de «rétorsion» de la part de la star, explique la plainte au civil déposée le 27 septembre auprès du tribunal compétent pour Las Vegas.
«Le dossier a été rouvert et nos détectives remontent les informations données par la victime», assure la police de Las Vegas, qui se refuse à toute précision supplémentaire sur une «enquête en cours».
Néanmoins, la justice américaine avait décidé dès 2019 de ne pas poursuivre Cristiano Ronaldo au pénal, faute de preuves.
Médiation contestée
Selon son récit, Mme Mayorga avait rencontré Cristiano Ronaldo au Palms Hotel de Las Vegas le 13 juin 2009, chacun faisant partie d'un groupe. Ronaldo l'aurait alors invitée, ainsi qu'une amie et d'autres personnes, dans sa suite.
Là, il aurait demandé à la jeune femme, 24 ans à l'époque, de se joindre au groupe dans un bain à remous. Celle-ci n'ayant pas de maillot de bain, il lui aurait proposé un short de sport et un tee-shirt, la menant à la salle de bains pour qu'elle puisse se changer.
Selon ses dires, c'est pendant qu'elle se déshabillait que le footballeur a fait irruption dans la salle de bain, sexe apparent, pour lui demander une fellation. Mme Mayorga dit avoir refusé et demandé à quitter les lieux.
Au moment où elle sortait de la salle de bain, elle accuse Ronaldo de l'avoir poussée sur un lit, pour tenter d'avoir une relation sexuelle avec elle. Et c'est parce qu'elle se protégeait le sexe de ses mains pour éviter d'être pénétrée qu'il l'aurait sodomisée, tandis qu'«elle criait 'non, non, non'».
Après l'agression, Ronaldo l'aurait laissée partir, «affirmant être désolé et qu'il se comportait d'habitude comme un gentleman».
Après cette soirée, une «médiation privée» aurait été organisée entre des représentants de Ronaldo d'un côté, la plaignante, «déséquilibrée émotionnellement», et son avocat de l'autre.
A l'issue de discussions décrites comme très éprouvantes pour la jeune femme par ses avocats, une transaction financière avait été conclue, accordant un versement de 375.000 dollars en échange d'une confidentialité absolue sur les faits présumés ou l'accord, ainsi que l'abandon de toute procédure.
Pour les avocats de Kathryn Mayorga, cet accord était nul et non avenu, notamment en raison de l'état psychologique de leur cliente à l'époque et des pressions exercées à son encontre. Des «abus de faiblesse sur personne vulnérable» qui visaient, selon la plainte, à stopper l'enquête et à soustraire le footballeur à d'éventuelles poursuites judiciaires.
Une équipe de «spécialistes de la protection de la réputation» engagée par Ronaldo aurait notamment menacé de diffuser des informations selon lesquelles la jeune femme avait sciemment eu une relation sexuelle avec le footballeur dans le but de le faire chanter.
Cet argument a été utilisé dimanche par Ronaldo sur son compte Instagram : «Ils veulent se faire de la publicité sur mon nom. C'est normal. Ils veulent devenir célèbres», acait-t-il dit, en réponse à une interview de Kathryn Mayorga publiée par le journal allemand Der Spiegel.
Un article qualifié de «manifestement illégal» par un avocat allemand agissant pour le compte de Ronaldo. «Il viole les droits de notre client de manière exceptionnellement grave», dénonçait l'avocat dans un communiqué, promettant des poursuites contre le journal et demandant à ce qu'aucun extrait de l'interview ne soit reproduit.