Les pays producteurs de pétrole interviendront pour éviter une pénurie sur le marché lorsqu'ils jugeront le moment opportun, a déclaré dimanche le ministre saoudien de l'Energie, dans une réponse apparente aux injonctions du président américain à faire baisser les prix.
Khaled al-Falih s'exprimait lors d'une réunion à Alger d'une vingtaine de pays membres et non membres de l'Opep signataires fin 2016 d'un accord par lequel ils se sont engagés à limiter leur offre pour faire remonter les cours du brut.
A Alger, ils doivent ainsi jauger l'état du marché mondial et étudier un amendement de l'accord.
Les pays producteurs continuent de «surveiller de près l'offre et la demande et nous répondrons de manière appropriée et au moment approprié, autant que cela sera nécessaire», a déclaré le ministre saoudien.
Cette réunion a lieu alors que de nouvelles sanctions américaines contre Téhéran prévues début novembre devraient faire chuter les exportations iraniennes au cours des prochains mois, diminuant d'autant l'offre d'or noir sur le marché.
Parmi les pays signataires de l'accord de fin 2016 figurent l'Arabie saoudite et la Russie, deux des trois plus grands producteurs mondiaux avec les Etats-Unis.
Ryad et Moscou ont appelé en juin à modifier cet accord pour pouvoir augmenter leur production et compenser les pertes causées par les sanctions américaines contre l'Iran, membre fondateur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et autre signataire.
«Il est primordial que nous continuions à prévoir et anticiper les changements dans l'équilibre de l'offre et la demande et prenions des mesures dynamiques pour éviter une conjoncture qui rendrait les consommateurs nerveux et anxieux», a encore dit le ministre saoudien Khaled al-Falih, qui préside le comité ministériel de suivi de l'accord (JMMC).
«Cela signifie notamment fournir une offre adéquate et éviter toute pénurie sur le marché», a-t-il intentionnellement répété deux fois, alors que le président américain Donald Trump a sommé samedi l'Opep de «baisser ses prix».
Le président américain semble compter sur ses alliés saoudiens, premier exportateur mondial, pour compenser la baisse des exportations iraniennes.
«Situation actuelle satisfaisante»
«Nous ne visons pas un prix, nous visons la stabilité du marché», a de son côté plaidé le ministre émirati de l'Energie, Souhail al-Mazrouei, président en exercice de la conférence de l'Opep.
Le représentant de l'Iran à l'Opep, Hossein Kazempour Ardebili, à la tête de la délégation iranienne à Alger, a lui indiqué que son pays continuait à honorer sa «part de production» et dit s'attendre à ce que les pays clients de l'Iran «exercent leur souveraineté et ne se plient pas aux instructions de (Donald) Trump».
Selon les analystes de Energy Aspects, la réunion de dimanche pourrait conduire à une augmentation de la production, «mais le marché commence à se demander d'où pourraient bien venir ces barils».
Aucun des pays participant à la réunion d'Alger ne s'est engagé sur un chiffre précis de hausse, ont assuré des délégués à l'agence Bloomberg. Une hausse d'un million de barils par jour avait déjà été décidée en juin, mais Téhéran avait longtemps résisté.
Le ministre saoudien a appelé à la poursuite de la coopération entre les pays signataires de l'accord, laissant entendre qu'une division en leur sein pourrait aboutir à la fin de la stabilité des prix du pétrole.
«La coopération entre l'Opep et (les pays) non-Opep est restée forte, ce qui a sans aucun doute joué un rôle clé dans la création d'une stabilité du marché et de la confiance», a-t-il souligné.
«Bien que la situation actuelle soit satisfaisante, l'économie mondiale et le marché du pétrole sont fragiles et nous ne pouvons nous permettre de sombrer dans l'autosatisfaction», a-t-il poursuivi.
Son homologue russe et co-président du JMMC, Alexandre Novak, a appelé à «sérieusement réfléchir à étendre notre partenariat au-delà de cette année, pour surmonter les défis qui se dressent devant nous».