Téhéran a indiqué dimanche privilégier la piste séparatiste arabe, au lendemain de l'attentat ayant coûté la vie à 29 personnes à Ahvaz, et promis de venger «dans un avenir proche» cet acte «terroriste».
La République islamique d'Iran a mis en cause le Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz (FPDAA), groupe séparatiste dans cette attaque perpétrée lors d'un défilé militaire.
Selon un bilan officiel, 29 personnes ont été tuées à Ahvaz, capitale de la province du Khouzestan -peuplée majoritairement d'Arabes- par un commando de quatre hommes qui a ouvert le feu sur la foule assistant à cette parade, avant d'être eux-mêmes abattus.
Le drame d'Ahvaz a fait dimanche la une des journaux iraniens, et nombre de quotidiens publiaient les photos de soldats portant des enfants tombés sous les balles du commando. Plusieurs titres ont insisté sur l'«unité" de la nation iranienne face à cette attaque.
Selon la télévision d'État, les funérailles des victimes auront lieu lundi.
«Nous n'avons aucun doute sur l'identité de ceux qui ont fait ça», a dit le président iranien Hassan Rohani, avant de décoller pour New York, où il participera à l'Assemblée générale annuelle des Nations unies.
«Mercenaires» de Saddam
M. Rohani a accusé les auteurs de l'attentat d'avoir été des «mercenaires» du dictateur iranien Saddam Hussein avant de se trouver après sa mort un nouveau «maître» sur «la rive sud du golfe Persique».
M. Rohani s'est abstenu de nommer le moindre pays, mais les Affaires étrangères iraniennes ont annoncé avoir convoqué dimanche le chargé d'affaires émirati à Téhéran pour lui transmettre «une protestation ferme contre les propos irresponsables et insultants» qu'aurait tenus un «conseiller» du gouvernement émirati à propos de l'attentat d'Ahvaz.
Samedi, M. Rohani avait promis une réponse «terrible" à l'attaque d'Ahvaz. Comme en écho, les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont publié dimanche un communiqué annonçant dans un avenir proche une «vengeance inoubliable», sans plus de précision.
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l'attentat d'Ahvaz, mais les autorités iraniennes ne semblent pas prendre cette revendication au sérieux.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé dans la nuit avoir convoqué samedi les diplomates représentant le Danemark, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas à Téhéran. Il leur a fait part des «fortes protestations de l'Iran contre le fait que leurs pays respectifs abritent certains membres du groupe terroriste ayant perpétré l'attaque» d'Ahvaz.
Une revendication, au nom du FPDAA, a été diffusée samedi sur une chaîne satellitaire, Iran International.
Mais, dans un communiqué publié sur son site, le groupe a nié toute implication, et accusé les autorités de Téhéran d'avoir commandité l'attaque pour détourner l'attention du soutien qu'elles apportent «à des milices dans la région».
Le FPDAA dit lutter pour «le droit à l'autodétermination, la liberté et l'indépendance"»des Arabes du Khouzestan. Il a toujours affirmé rejeter la violence.
Ignorant le démenti du FPDAA, la République islamique a haussé le ton envers la Grande-Bretagne: les Affaires étrangères ont dit avoir insisté auprès du chargé d'affaires britannique sur le fait qu'il était «inacceptable que le porte-parole (de ce groupe séparatiste) soit autorisé à revendiquer cet acte terroriste à l'antenne d'une TV basée à Londres».
Téhéran a également demandé au Danemark et au Pays-Bas de livrer les membres de ce groupe qu'ils accusent ces deux pays d'accueillir sur leur sol.
«Conspiration» américaine
«Si des liens sont établis avec le Danemark, cela aura évidemment des conséquences", a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères, Anders Samuelsen sur la télévision publique danoise.
Les Affaires étrangères néerlandaises ont indiqué à l'AFP avoir «entendu la version de l'Iran et présenté (leurs) condoléances pour l'attentat».
A Londres, un porte-parole du Foreign Office a indiqué avoir pris note de l'«inquiétude» exprimée par l'Iran et présenté également ses «condoléances» pour cette attaque.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a vu dans cette attaque «une continuation de la conspiration des gouvernements de la région à la solde des États-Unis».
A couteaux tirés avec l'Iran, les États-Unis ont affirmé dimanche «condamner toute attaque terroriste n'importe où», par la voix de leur ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley.
Des responsables iraniens ont accusé, qui l'Arabie saoudite, qui «deux États (arabes) du Golfe» d'avoir armé ou financé le commando.
L'Arabie saoudite, alliée des États-Unis, est le grand rival régional de l'Iran. Les deux pays s'opposant sur de nombreux dossiers au Moyen-Orient, notamment dans les conflits en Syrie et au Yémen.
Téhéran et Ryad ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016.
L'Iran entretient également des relations tendues avec les Émirats, dont ils dénoncent régulièrement la participation à la coalition militaire sous commandement saoudien qui combat au Yémen contre les rebelles Houthis. Téhéran dit soutenir politiquement cette rébellion, mais pas militairement.