«Partez maintenant»: les autorités américaines répétaient mercredi ce mot d'ordre pour convaincre les récalcitrants alors que la côte est des Etats-Unis se préparait avec fébrilité à l'arrivée de l'ouragan Florence et à ses effets potentiellement dévastateurs.
Environ 1,7 million de personnes sont concernées par les opérations d'évacuation qui ont débuté mardi en Caroline du Sud, en Caroline du Nord et en Virginie. Ces trois Etats de la côte atlantique sont les plus menacés par le cyclone, classé en catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5, avec des vents atteignant 215 km/h. «Le désastre est à notre porte, et il s'apprête à entrer», a averti Roy Cooper, le gouverneur de la Caroline du Nord.
L'ouragan Mike Tyson
Selon le Centre national des ouragans, Florence progressait vers l'ouest et le nord-ouest à une vitesse de 28 km/h. Il devrait dévier vers le sud-ouest jeudi à l'approche des côtes américaines. «Même s'il devrait faiblir jeudi, Florence est considéré comme un ouragan extrêmement dangereux», a souligné l'institut dans son bulletin de 08H00 (12H00 GMT).
Florence va «être comme un direct de Mike Tyson sur la côte» des Carolines, a pour sa part assuré Jeff Byard, responsable de l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgence (Fema).
Wilmington, célèbre station balnéaire de Caroline du Nord qui compte un peu plus de 100.000 habitants, devrait être l'une des premières villes touchée et se préparait à l'impact. Les commerces et les habitations étaient calfeutrés derrière des planches de bois, les supermarchés étaient vidés et les pompes à essence étaient à sec. «Wilmington reste soudée», «Flo, tu n'es pas la bienvenue ici», pouvait-on lire sur la devanture du bar Tavern Law.
Des journées interminables en perspective
Un grand soleil brillait mercredi matin sur la ville dont les rues étaient quasiment désertes à l'heure d'ouverture habituelle des bureaux. «Beaucoup de gens sont partis. Les médias ont parfois tendance à en rajouter un peu», disait à l'AFP Mary Glover après avoir garé son 4x4 pour prendre en photo des messages laissés au feutre sur une planche de bois.
Assis sur un banc, Ken Price profitait du calme avant la tempête. «Les prochains jours risquent d'être assez longs», confiait ce père de famille d'une cinquantaine d'années. «Lors du dernier ouragan, un arbre est tombé sur la maison de nos voisins. On a donc décidé de descendre les matelas au rez-de-chaussée par précaution. On a fait des réserves d'eau et sorti les jeux de société pour occuper les enfants. Il n'y a plus qu'à attendre maintenant». Pour convaincre les récalcitrants comme Ken Price, les autorités, jusqu'au président Donald Trump, ont renouvelé leurs appels à évacuer face à l'ouragan.
«Ecartez-vous de son chemin. Ne jouez pas avec lui, c'est un gros, peut-être le plus gros qu'on ait vu, avec des niveaux d'eau énormes», a affirmé M. Trump dans un message vidéo. Florence devrait porter avec lui des précipitations extrêmes pour un littoral aux plages de sable. En Caroline du Nord, on s'attend à entre 50 et 75 cm d'eau, et jusqu'à un mètre à certains endroits. «Ces pluie pourraient provoquer des crues catastrophiques et des inondations importantes», a estimé le Centre des ouragans, appelant la population à «accélérer les opérations» de protection des bâtiments face aux rafales de vents attendues.
Une tragédie
A Columbia, en Caroline du Sud, Barry Sparks s'inquiétait d'un manque de préparation des habitants face à la menace. «Ils ont d'abord cru que ça allait être moins mauvais par ici», confiait-il à l'AFP.
John Tecklenburg, le maire de Charleston, la grande ville touristique de l'Etat, a appelé les habitants à obéir aux consignes d'évacuation. «La côte est très plate, la plupart du temps quand il pleut il n'y a nulle part où aller», a-t-il dit sur CNN. «Les niveaux des rivières vont monter, la pluie pourrait être une tragédie pour la Caroline du Sud», a souligné le maire de la ville.
«Nous vous demandons de suivre les avertissements, c'est le jour J», a assuré Jeff Byard, de la Fema. «Faites-le pour votre sécurité et celle des sauveteurs», a-t-il souligné lors d'un point presse à Washington. Pour accélérer les évacuations, les principales routes de la côtes ont été mise en sens unique vers l'intérieur des terres. De nombreux centres d'accueil, pourvus en eau et en nourriture, ont également été mis en place. «Aidez vos voisins, une vie ne peut être remplacée», a imploré Jeff Byard.