Neuf personnes ont été blessées en marge de nouvelles manifestations antagonistes de plus de 8.000 personnes samedi à Chemnitz en Allemagne, organisées d'un côté par la droite ultra anti-immigrés et en face par des mouvements de gauche.
Cette ville saxonne de l'ex-RDA est depuis une semaine l'épicentre de la mobilisation de l'extrême droite allemande contre les étrangers, à la suite d'un meurtre dont est suspecté un demandeur d'asile.
Les rassemblements eux-mêmes se sont déroulés sans incident, en présence d'un très important dispositif policier pour éviter une confrontation entre partisans des deux camps.
Mais des heurts sont survenus au moment de la dispersion des cortèges, lorsque les plus déterminés des deux côtés ont cherché à s'approcher les uns des autres pour en découdre.
La police a indiqué que neuf personnes avaient été blessées lors de son intervention pour éviter des affrontements directs, dans un communiqué publié tard dans la soirée.
Une équipe de la télévision publique locale MDR a déposé plainte après avoir été agressée lors d'un tournage. Un membre de l'équipe a été blessé et son matériel cassé.
Par ailleurs, en marge de ces rassemblements, dans un quartier périphérique de Chemnitz, un Afghan de 20 ans a été roué de coups dans la soirée par un groupe de quatre hommes au visage camouflé. Il a été légèrement blessé selon la police.
Environ 4.500 personnes ont défilé à l'appel de divers mouvements d'extrême droite, principalement l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) et le rassemblement anti-islam et anti-Merkel Pegida.
Certains scandaient «nous sommes le peuple», reprenant le slogan des manifestants lors de la chute du régime communiste de RDA à l'automne 1989, ou encore «Merkel dégage!» en portant des drapeaux allemands. D'autres défilaient avec de grands portraits de victimes d'attaques perpétrées, selon eux, par des demandeurs d'asile.
En parallèle, à l'appel de plusieurs associations et partis politiques de gauche, environ 3.500 personnes, selon la police, ont défilé en répondant au mot d'ordre: «le cœur plutôt que la haine».
«Chemnitz n'est ni grise ni brune», pouvait-on lire sur une immense affiche collée sous l'imposant buste de Karl Marx situé devant l'Hôtel de Ville. Chemnitz fut baptisée Karl-Marx-Stadt durant la période communiste en RDA.
Le gouvernement, par la voix du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas, a apporté son soutien à cette dernière manifestation, qui sera suivie lundi par un concert rock contre la xénophobie sous le slogan «Nous sommes plus nombreux».
«L'Allemagne a causé des souffrances inimaginables à l'Europe. Si à nouveau des gens défilent aujourd'hui dans les rues en effectuant le salut nazi, notre histoire passée nous oblige à défendre résolument la démocratie», a-t-il écrit sur Twitter.
Il y a une semaine, 800 sympathisants d'extrême droite avaient effectué une «chasse aux étrangers» dans la ville, après l'homicide qui a mis le feu aux poudres.
Et le lendemain, des affrontements entre plus de 2.000 protestataires d'extrême droite et environ un millier de contre-manifestants proches de l'extrême gauche avaient déjà fait plusieurs blessés.