C'est ce qui s'appelle aller à la source du problème. Pour éradiquer les cultures de coca, la plante à l'origine de la cocaïne, les autorités colombiennes misent depuis peu sur une méthode hors du commun : des drones qui les arrosent de pesticides.
Sous l'impulsion de son président Iván Duque, la Colombie a fait appel à la société de fabrication Fumi Drones SAS pour expérimenter la solution dans la région de Narino. En juin dernier, une dizaine de petits aéronefs ont ainsi été déployés dans des champs de coca illicites, repérés au préalable. Selon un responsable de l'entreprise, les drones auraient éliminé environ 90 % des plantations de coca sur l'ensemble de la zone-test. L'usage de drones, discrets et précis, permet de cibler les plantes controversées sans saccager les cultures voisines.
L'objectif d'un déploiement à l'échelle nationale ? Enrayer la chaîne de production de la cocaïne en s'attaquant à la matière première, avec une logique imparable : «s'il n'y a plus de coca, il n'y a plus de cocaïne».
Premier pays producteur mondial de cocaïne
Car il y a urgence : la surface consacrée à la culture de coca en Colombie a augmenté de 11 % en 2017, selon le gouvernement américain, tandis que la capacité de production de cocaïne pure a bondi, elle, de 19 % sur la même année, passant de 721 tonnes en 2016 à 921 tonnes en 2017. Un record historique pour le premier pays producteur mondial de cocaïne. A tel point que le gouvernement souhaite éradiquer 100.000 hectares de cultures de coca en 2018, sur les 209.000 que compterait la Colombie.
Reste que pour ses détracteurs, si cette méthode représente une avancée technologique, susceptible de faciliter le travail des autorités, elle n'apporte pas de solution politique et sociale – et donc durable – au problème du trafic de drogues en Colombie.
Autre problème, cette fois mis en avant par les écologistes : l'herbicide utilisé par les drones est le glyphosate, une substance considérée comme cancérigène probable par l'Organisation mondiale de la santé.