Un an après les attentats de Catalogne qui ont fait 16 morts, Barcelone rend hommage aux victimes vendredi en présence du roi Felipe VI près des Ramblas, avenue emblématique de la ville frappée par cette tragédie.
«Nous n'avons pas renoncé à nos valeurs et à nos convictions qui, un an après, sont plus fortes que jamais. Nous sommes et nous serons une ville de paix, une ville courageuse qui oppose l'amour à la terreur», a déclaré jeudi, à la veille de l'hommage, la maire de Barcelone, Ada Colau, les yeux remplis de larmes au moment d'égrener le nom des victimes.
Prévue à 10h30 (08h30 GMT) sur la Place de Catalogne en haut des Ramblas, la cérémonie - à laquelle participeront des proches des victimes et les principales autorités du pays dont le roi et le chef du gouvernement Pedro Sanchez - sera solennelle et sans discours.
Avant cette cérémonie, des fleurs seront déposées sur la mosaïque de l'artiste barcelonais Joan Miró au centre des Ramblas. Là où s'est achevée le parcours meurtrier de la camionnette de Younes Abouyaaqoub sur la célèbre avenue.
A 16h30, le 17 août 2017, ce Marocain de 22 ans s'est lancé au volant du véhicule sur l'artère, tuant 14 personnes dont un Australien de 7 ans et un Espagnol de 3 ans, et en blessant plus de 100, avant d'abandonner la camionnette.
Disparaissant dans la cohue d'un marché, il vole une voiture dont il tue le conducteur et sera abattu par la police après quatre jours de cavale, non loin de Barcelone.
«J'ai cru que j'allais mourir»
Quelques heures après l'attaque sur les Ramblas, cinq de ses complices l'imitent dans la nuit du 17 au 18 août en fauchant des passants dans la station balnéaire de Cambrils, au sud de Barcelone, avant de les attaquer au couteau. Une femme est poignardée à mort.
Ruben Guiñazu, Argentin de 55 ans, fait partie des victimes de Cambrils. Un jihadiste «m'a laissé le couteau planté dans le visage, à quinze centimètres de profondeur. Il m'a taillé les amygdales, les carotides, les cordes vocales, la langue... (...) J'ai cru que j'allais mourir», a-t-il raconté jeudi devant la presse.
Ce double attentat a été revendiqué par Daesh. Mais les enquêteurs ont cherché en vain jusqu'à présent des liens entre la cellule née à Ripoll au pied des Pyrénées catalanes, où un imam a radicalisé une dizaine de jeunes d'origine marocaine, et des responsables à l'étranger.
Passés à l'acte dans l'improvisation après l'explosion accidentelle d'une villa où ils confectionnaient des explosifs, dans laquelle l'imam est mort, ces jihadistes se préparaient pour un attentat de bien plus grande envergure avec comme cibles potentielles citées la basilique de la Sagrada Familia, le Camp Nou, stade du FC Barcelone, ou la tour Eiffel.
Querelles politiques
Ces attaques ont provoqué un immense émoi au sein de l'ensemble de la société espagnole mais ont été très vite éclipsées par les tensions politiques entraînées par la tentative de sécession de la Catalogne en octobre.
Un an après, les querelles ont ressurgi en raison de la présence vendredi du roi Felipe VI qui avait été sifflé l'an dernier par les indépendantistes lors de la manifestation ayant suivi l'attentat.
Les associations indépendantistes n'ont pas organisé de rassemblements vendredi contre le souverain mais des hommages parallèles aux victimes, pour ne pas être à ses côtés.
Dans ce climat, les proches des victimes ont appelé les autorités à respecter le souvenir des victimes en mettant de côté les conflits politiques.
«Nous demandons à la classe politique d'observer une trêve», a insisté Robert Manrique, de l'association de victimes UAVAT.