Des milliers de fidèles convoqués par les églises évangéliques d'Argentine ont manifesté samedi à Buenos Aires contre le projet de légalisation de l'avortement qui doit être examiné par le Sénat mercredi.
Les églises évangéliques ont occupé le devant de la scène dans ce mouvement en appelant à manifester dans le centre de la capitale sous le mot d'ordre «Sauvons les deux vies» (celle de l'enfant à naître et celle de la mère).
Dans le pays du pape François, où le catholicisme est majoritaire, de nombreuses paroisses de l'Eglise catholique se sont jointes au rassemblement.
«L'avortement est une pratique criminelle et non une politique de santé, comme on essaie de le faire», ont déclaré les organisateurs de la manifestation, rejetant l'un des arguments des partisans de la légalisation, selon lequel c'est la clandestinité de cette pratique qui provoque chaque année la mort de dizaines de femmes.
Le projet de loi, qui doit être examiné par les sénateurs à partir de mercredi, autorise l'IVG jusqu'à 14 semaines de grossesse et prévoit sa gratuité dans tous les centres de santé du pays.
Le Sénat, plus conservateur que la Chambre des députés qui a déjà voté le projet de loi, semble s'orienter vers un rejet du texte.
«Je doute que la loi soit adoptée parce qu'elle est un affront à notre Constitution, et je sais que les sénateurs ne le permettront pas. L'Argentine est pro-vie», a déclaré à l'AFP Josefina Blanco, arborant une écharpe bleue, symbole des opposants à la légalisation.
Dans cette dernière ligne droite avant le vote de mercredi, l'enjeu est de «gagner la rue», après le rôle déterminant joué par les manifestations aux foulards verts, emblèmes de la lutte pour la légalisation de l'avortement, dans le vote des députés en faveur de la légalisation (129 à 125) le 14 juin dernier.
Très influente en Argentine, l'Eglise catholique organise une messe à la cathédrale de Buenos Aires, mercredi 8 août en même temps que le débat au Sénat.
Le débat divise la société ainsi que les partis politiques argentins, depuis qu'il a été initié par le président Mauricio Macri, qui s'est déclaré contre l'avortement. Mais certains membres du gouvernement ont assuré qu'il ne mettrait pas son veto si la loi était approuvée.
En Argentine, aux termes de la législation actuelle, l'avortement est légal seulement en cas de viol, ou lorsque la vie de la mère est en danger, mais selon les ONG près de 500.000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année.
En Amérique latine, le droit à l'avortement n'existe qu'en Uruguay, à Cuba et à Mexico, capitale du Mexique.