Malgré le déluge de critiques sur ses déclarations à Helsinki comme sur ses dénégations alambiquées le lendemain depuis Washington, Donald Trump a de nouveau insisté mercredi sur le «succès» de son sommet avec Vladimir Poutine.
Le président américain réunit en fin de matinée les principaux membres de son gouvernement à la Maison Blanche, une nouvelle occasion pour lui de s'exprimer sur sa surprenante conférence de presse avec son homologue russe, qui lui a valu de très vifs reproches au sein de son propre camp politique.
«Tellement de personnes haut placées dans le renseignement ont adoré ma prestation en conférence de presse à Helsinki», a-t-il tweeté mercredi matin, renforçant le sentiment que son volte-face partiel de la veille lui avait été imposé par ses conseillers. «Nous nous sommes très bien entendus, ce qui a vraiment dérangé beaucoup de personnes remplies de haine qui voulaient voir un match de boxe», a-t-il ajouté, promettant des «grands résultats à venir».
So many people at the higher ends of intelligence loved my press conference performance in Helsinki. Putin and I discussed many important subjects at our earlier meeting. We got along well which truly bothered many haters who wanted to see a boxing match. Big results will come!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 juillet 2018
Face au tollé, le locataire de la Maison Blanche a tenté mardi, de retour d'une tournée européenne difficile, de limiter les dégâts, assurant - sans vraiment convaincre - que sa langue avait fourché lorsqu'il avait semblé prendre le parti de l'homme fort du Kremlin.
Paradoxe pour un président américain : il a été contraint de dire explicitement qu'il acceptait les conclusions ... des services de renseignement américain selon lesquels la Russie a interféré dans l'élection de 2016.
«Certains DETESTENT le fait que je me sois bien entendu avec le président Poutine de Russie», a-t-il encore tweeté mecredi. «Ils préféreraient aller en guerre que de voir ça».
Some people HATE the fact that I got along well with President Putin of Russia. They would rather go to war than see this. It’s called Trump Derangement Syndrome!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 juillet 2018
A l'exception du sénateur Rand Paul, rares sont les républicains à avoir ouvertement défendu la prestation du président au sommet d'Helsinki, première rencontre bilatérale entre le 45e président américain et le président russe.
Dans les jours précédant son étape finlandaise, à Bruxelles ou Londres, Donald Trump a de l'avis général distendu les liens transatlantiques, avec ses charges contre l'Allemagne, l'Union européenne ou le Royaume-Uni.
Sa tournée a déclenché une avalanche de commentaires négatifs émanant de multiples élus et experts géopolitiques, allant de «surréaliste» à «traître» en passant par «embarrassant», «indéfendable», «irréfléchi».
Les relations avec l'Otan à l'épreuve
Dans un entretien à Fox News, Donald Trump a par ailleurs donné un nouveau coup de canif aux relations avec les alliés de l'Otan, déjà mises à l'épreuve lors d'un sommet extrêmement tendu à Bruxelles.
Le président américain a semblé remettre en cause le principe de défense mutuel, véritable pierre angulaire de l'Alliance.
«Si, par exemple, le Monténégro est attaqué, pourquoi mon fils devrait-il aller au Monténégro pour les défendre ?», lui a demandé le journaliste.
«Je comprends ce que vous dites, j'ai posé la même question», a répondu M. Trump. «Le Monténégro est un tout petit pays avec des gens très forts (...) très agressifs», a-t-il ajouté.
L'article 5 du traité de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) stipule que toute attaque contre un des pays membres est considérée comme une attaque contre tous.
La Russie, qui a de son côté salué la sommet d'Helsinki comme un grand succès, a déploré mercredi l'arrestation aux Etats-Unis de Maria Boutina, une Russe accusée d'avoir tenté d'influencer en secret des organisations politiques américaines au profit de la Russie.
Cette interpellation a été menée «avec l'objectif clair de minimiser l'effet positif» du sommet a affirmé Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
«Cela donne l'impression que quelqu'un, avec sa montre et sa calculatrice, a calculé non seulement la date, mais aussi l'horaire, pour que cette histoire gonfle au maximum», a-t-elle ajouté.