Alors que la justice américaine veut désormais réunir les familles d'immigrés qu'elle a séparées via le décret anti-immigration «tolérance zéro» de Donald Trump, les controverses se multiplient concernant des enfants présentés seuls devant le juge en vue d'être reconduits à la frontière. Parmi eux, un enfant âgé de seulement 1 an.
Il s'appelle Johan et vient du Honduras. Devant la cour, le bébé a «bu une bouteille de lait», «joué avec une petite balle», mais surtout, «pleuré de façon hystérique», a rapporté l'Associated Press dimanche dernier. Bien qu'accompagné d'un avocat – fait rarissime parmi les centaines de cas similaires –, il s'est vu recevoir un «ordre de départ volontaire» pour que le gouvernement le ramène dans son pays d'origine. C'est là-bas que l'attend son père, séparé de son fils à la frontière américaine en vertu de la politique migratoire du président Donald Trump, et déjà renvoyé au Honduras.
Le juge John Richardson lui-même a reconnu qu'il était «gêné de demander» à Johan s'il comprenait les procédures juridiques dont il faisait l'objet. Avant de reconnaître, à l'intention de l'avocat de l'enfant : «Je ne sais pas à qui vous pourriez les expliquer, à moins que vous pensiez qu'un bébé d'un an peut apprendre les lois sur l'immigration».
Atmosphère «anxiogène» et «effrayante»
Circonstance aggravante : tous les avocats des enfants qui se sont succédé devant les juges ont dénoncé l'atmosphère «anxiogène» et «effrayante» des procédures, évoquant une cour inadaptée. «Il n'y a pas de siège d'appoint, pas d'ours en peluche. C'est un tribunal d'immigration froid, et ces enfants sont assis sur des sièges trop grands pour eux, leurs pieds ne touchent même pas le sol», a expliqué l'avocat spécialiste de l'immigration Lindsay Toczlowski sur CNN.
Au moins 2.300 enfants, dont une centaine âgés de moins de 5 ans, avaient été séparés de leurs parents en quelques semaines, puis hébergés dans des centres d'accueil gérés par le ministère de la Santé. Mais, face à la polémique suscitée par les images de jeunes enfants en pleurs, sans leurs parents, Donald Trump avait mis fin par décret le 20 juin aux séparations.
Si, depuis, une grande partie d'entre eux ont déjà retrouvé leurs parents, le gouvernement a encore du pain sur la planche. Pour accélérer les retrouvailles, l'Etat a annoncé jeudi sa volonté de recourir à des tests ADN et à des procédures accélérées pour simplifier l'identification des familles. Mais les associations de défense des migrants dénoncent un possible fichage génétique des étrangers.