Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son grand rival Riek Machar ont convenu mercredi d'un cessez-le-feu «permanent» devant entrer en vigueur dans les 72 heures, un accord qui relance les espoirs de paix dans ce pays ravagé par une guerre dévastatrice.
Cet accord a été scellé à l'issue d'un nouveau round de discussions entre les deux principaux protagonistes dans la capitale soudanaise Khartoum, alors que l'ONU leur avait donné jusqu'à fin juin pour parvenir à «un accord politique viable» sous peine de sanctions.
«Toutes les parties se sont entendues sur un cessez-le-feu permanent (qui entrera en vigueur) sous 72 heures», a annoncé le chef de la diplomatie soudanaise Al-Dirdiri Mohamed Ahmed.
MM. Kiir et Machar ont ensuite signé le document, appelé «la Déclaration de Khartoum», en présence du président soudanais Omar el-Béchir. «Ce jour était attendu par notre peuple au Soudan du Sud et il est maintenant arrivé», a déclaré M. Kiir. Pour M. Machar, le cessez-le-feu doit préluder à «la fin du conflit».
De précédents accords de cessez-le-feu ont volé en éclat, comme en 2016, l'année où M. Machar a fui son pays.
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Le pays s'est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand M. Kiir a accusé son ancien vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d'Etat.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Des centaines de milliers ont trouvé refuge au Soudan, selon l'ONU.
Les pourparlers de Khartoum ont suivi un sommet des Etats d'Afrique de l'Est à Addis Abeba qui s'était achevé sans percée, mais au cours duquel plusieurs responsables du continent avaient sommé les leaders sud-soudanais de trouver un terrain d'entente.
«Nous offrons cet accord comme un cadeau aux citoyens sud-soudanais», a déclaré M. Béchir, prédisant un retour de la paix au Soudan du Sud.
Selon la «Déclaration de Khartoum», dont l'AFP a obtenu une copie, les arrangements de cessez-le-feu prévoient notamment un désengagement militaire, un retrait de toutes les forces alliées, l'ouverture de couloirs humanitaires et la libération des prisonniers de guerre et des détenus politiques.
L'accord permet également le déploiement de forces de l'Union Africaine (UA) et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, organisation est-africaine) pour superviser le cessez-le-feu.
Gouvernement de transition
«Les arrangements de sécurité qui doivent être adoptés viseront à la mise sur pied d'une armée nationale, d'une police et d'autres organes de sécurité (...), qui seront loin de toute affiliation tribale ou ethnique», selon le document.
Une entente doit également être trouvée «en vue du désarmement des civils à travers le pays», précise le texte.
En outre, un gouvernement de transition doit être formé en 120 jours et sera appelé à gérer le pays pendant une période de 36 mois, toujours selon la «Déclaration de Khartoum».
«Pendant la période de transition, le pays devra préparer des élections nationales», selon le document. «Il a été convenu que les élections doivent être libres et ouvertes à tous les partis politiques».
Les pourparlers de Khartoum ont été entamés lundi par les deux protagonistes. Leurs délégations doivent en principe prendre le relais des discussions dans la capitale soudanaise pour encore deux semaines. Un autre round de négociations est prévu ensuite à Nairobi et le dernier à Addis Abeba.