Le navire humanitaire Lifeline, qui attendait depuis une semaine un port pour l'accueillir, pourra finalement accoster à Malte, et une partie des 233 migrants qui se trouvent à son bord sera prise en charge par l'Italie, a annoncé mardi le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte.
«Je viens d'avoir le président (maltais) Muscat au téléphone : le navire de l'ONG Lifeline accostera à Malte», a déclaré M. Conte dans un communiqué, ajoutant que «l'Italie accueillera une partie des migrants». «Nous sommes convenus avec le président maltais que le navire sera soumis à une enquête pour déterminer sa nationalité effective et sur le respect des règles du droit international de la part de l'équipage», a-t-il ajouté.
M. Conte n'a pas précisé quand le navire serait autorisé à accoster à Malte, ni combien de migrants l'Italie prendrait à sa charge. Une source proche du gouvernement maltais, interrogée par l'AFP, a toutefois précisé que «Malte autorisera le débarquement seulement après que les Etats membres confirmeront qu'ils prendront leur quota de migrants».
«Il y a beaucoup d'informations qui circulent, beaucoup de communiqués, mais notre situation actuelle c'est que le navire n'a aucune information», a déploré Erik Marquardt, un porte-parole de l'ONG allemande Lifeline qui a affrété le navire du même nom.
Epousant la ligne dure représentée par son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), M. Conte a précisé que le Lifeline serait «soumis à une enquête pour s'assurer de sa nationalité et du respect des règles du droit international de la part de son équipage».
«Et de deux ! Après l'Aquarius envoyé en Espagne, c'est désormais au tour du navire de l'ONG Lifeline d'aller à Malte avec ce navire hors-la-loi qui en définitive sera séquestré», a aussitôt twitté Matteo Salvini, également vice-Premier ministre de Giuseppe Conte. «Pour les femmes et les enfants qui fuient vraiment la guerre les portes sont ouvertes, pour tous les autres non !», a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux avait affirmé qu'une «solution européenne» semblait se dessiner pour le navire. «Ce serait un débarquement un Malte», avait-il déclaré sur la radio RTL.
Un porte-parole du gouvernement maltais, interrogé par l'AFP, avait évoqué des «discussions en cours» qui avaient débuté ce weekend. Le Premier ministre maltais a de son côté indiqué sur Twitter que les forces armées maltaises avaient évacué une personne pendant la nuit depuis le Lifeline après en avoir reçu la demande.
Petite île méditerranéenne d'à peine plus de 400.000 habitants, Malte s'est toutefois refusée à ouvrir ses ports au navire humanitaire Aquarius, pourtant sans migrant à son bord, selon l'ONG SOS Méditerranée.
L'Aquarius a donc mis le cap sur Marseille pour une escale technique qu'il doit faire dans les prochains jours, après le refus de Malte et l'impossibilité, selon l'ONG, de se rendre en Italie.
L'Italie ne semble pas devoir dévier de la ligne de fermeté qu'elle affiche depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement populiste le 1er juin, formé de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème). Les ONG «complices, consciemment ou inconsciemment des trafiquants» sont interdites d'entrée dans les ports italiens, a réaffirmé lundi Matteo Salvini.
Chaleur et manque d'hygiène
Les migrants du Lifeline enduraient mardi la chaleur et des conditions sanitaires qui n'ont cessé de se dégrader depuis une semaine qu'ils sont à bord de ce navire d'une trentaine de mètres de long, en attente à environ trente milles au large de Malte.
«A bord il n'y a pas de toilette chimique, trois petits WC en mauvais état que tout le monde utilise. Le commandant du navire a ouvert ses toilettes mais seulement pour les quarante quatre femmes et les enfants et il faut faire une longue queue», écrit le quotidien italien La Repubblica.
En revanche, quelque 108 migrants ont pu enfin toucher terre dans la nuit de lundi à mardi à Pozzallo, en Sicile, après plus de trois jours à attendre sur le pont d'un porte-conteneurs danois, l'Alexander Maersk, venu les secourir vendredi au large de la Libye.
La question migratoire devait par ailleurs figurer au menu des discussions mardi au Vatican entre le pape François - qui multiplie les appels à la «solidarité» - et le président français Emmanuel Macron - à couteaux tirés sur ce dossier avec le nouveau gouvernement italien.