Plus de 500 enfants de migrants ont été réunis avec leur famille aux Etats-Unis mais 2.000 autres restaient dimanche toujours séparés de leurs proches, le flou régnant sur le calendrier et les modalités d'éventuelles retrouvailles malgré la polémique autour de la politique de Donald Trump.
Après sa spectaculaire volte-face de cette semaine censée mettre fin à la séparation des familles, le président américain a lui une nouvelle fois appelé dimanche à encore plus de fermeté sur l'immigration, allant jusqu'à suggérer que les sans-papiers puissent être expulsés sans passer par la case justice.
«Nous ne pouvons pas autoriser ces personnes à envahir notre pays», a-t-il tonné sur Twitter. «Quand quelqu'un entre, nous devons immédiatement, sans juges ou décisions judiciaires, les renvoyer d'où ils viennent», a poursuivi Donald Trump.
Son administration a publié samedi les premiers chiffres officiels depuis que le président républicain a, dans un rétropédalage soudain, mis fin mercredi, par décret, à la séparation systématique des enfants de leurs parents arrêtés pour avoir franchi illégalement la frontière depuis le Mexique.
La police aux frontières «a réuni 522 enfants étrangers non-accompagnés dans leur détention qui avaient été séparés des adultes dans le cadre de la politique de tolérance zéro», a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué. «Le gouvernement des Etats-Unis sait où se trouvent tous les enfants dans ses centres de rétention et travaille pour les réunir avec leur famille», a-t-il assuré, après plusieurs jours de confusion.
Cette politique de «tolérance zéro» face à l'immigration illégale avait abouti à la séparation de nombreux enfants de leurs parents, provoquant un tollé aux Etats-Unis, jusque dans les rangs républicains, mais aussi au niveau international avec de vives critiques de l'ONU.
L'une des principales interrogations restait dimanche de savoir combien de temps il faudrait pour réunir toutes les familles séparées.
«Grande tristesse»
Quelque 2.000 mineurs sont toujours éloignés de leurs parents, selon le ministère de la Santé, et des avocats travaillant sur ce dossier disent faire face à un labyrinthe procédural.
Benjamin Raymundo, 33 ans, renvoyé au Guatemala, a raconté à l'AFP avoir quitté son pays en avril mais, appréhendé par la police en Californie, il a été séparé de son fils Roberto, cinq ans. Un beau-frère qui vit aux Etats-Unis et un avocat ont réussi à localiser l'enfant, qui a finalement été placé chez ce proche.
«C'est une grande tristesse pour moi, comme si je ne devais jamais revoir mon fils», se désole Raymundo, qui ne prévoit pas pour le moment de retourner en Amérique.
La crise en cours concerne «davantage les demandeurs d'asile et les réfugiés», a estimé dimanche sur la chaîne NBC le sénateur indépendant Angus King. «Ce sont des personnes qui arrivent pratiquement seulement d'Amérique centrale et non pas du Mexique (...) et qui fuient la violence.»
Et le sénateur du Maine d'attaquer frontalement l'administration Trump : «Le gouvernement a fait un choix terrible de séparer les enfants de leurs parents» et «maintenant ils disent 'bon, on va les garder ensemble et on va les garder ensemble en détention'. Je ne suis pas certain non plus que ce soit nécessaire».
Climat politique électrique
L'incertitude sur le terrain se double d'une discours assez confus de la part de Donald Trump, qui, au-delà sa fermeté affichée, semble tergiverser sur les tractations en cours au Congrès en vue de réformer les lois sur l'immigration.
Vendredi, il a appelé son propre camp à «arrêter de perdre son temps sur l'immigration jusqu'à ce qu'on élise plus de sénateurs et de membres de la Chambre» républicains lors des élections de mi-mandat de novembre.
Deux jours plus tard, il a exhorté ses opposants à agir : «Démocrates, réformez les lois. Ne RESISTEZ PAS», a-t-il tweeté.
L'élu républicain Michael McCaul, président de la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants, a confirmé dimanche dans l'émission Fox News Sunday espérer faire adopter une loi cette semaine sur l'immigration. «J'ai parlé à la Maison Blanche hier. Ils ont dit que le président était 100% derrière nous», a-t-il dit.
Le climat politique reste toutefois électrique, voire délétère.
Samedi, un ex-gouverneur républicain, Mike Huckabee -père de la porte-parole de la Maison Blanche-, a posté sur Twitter une photo du gang américano-salvadorien MS-13 avec ce commentaire à propos de la cheffe de file des réprésentants démocrates : «Nancy Pelosi présente sa nouvelle équipe de campagne pour reprendre la Chambre».
Donald Trump fait souvent référence à ce gang pour justifier sa rhétorique anti-immigration.