Le lieu offrait une parenthèse de liberté aux minorités sexuelles dans un pays où elles sont en danger. Mais «Diversity House», un espace sécurisé dédié aux fans de football LGBTI, a dû précipitamment quitter ses locaux de Saint-Pétersbourg (Russie).
Devant, au départ, ouvrir pour toute la durée du tournoi, soit du 14 juin au 15 juillet 2018, l'organisation n'aura finalement ouvert que quelques jours à peine.
Plusieurs médias relaient l'information, ce lundi 18 juin, selon laquelle elle a en effet dû mettre la clé sous la porte, à la veille de la compétition, après que les propriétaires des lieux ont brusquement mis fin au contrat des organisateurs.
«Ils ne nous ont rien expliqué. Ils nous ont juste brutalement demandé de partir et d'éteindre la lumière», a ainsi déclaré l'un d'eux à la BBC.
«Diversity House», littéralement la «Maison de la diversité», avait également été ouverte pour protéger les minorités ethniques des agressions racistes.
C'est d'ailleurs le Fare (Football Against Racism in Europe, le réseau international de football contre le racisme en Europe), qui était à l'origine de l'initiative.
Selon son directeur, Piara Powar, la fermeture de «Diversity House» n'est rien d'autre «qu'une attaque politique révélant à quel point la question des droits de l'Homme se heurte aux puissantes forces politiques conservatrices russes».
De nouveaux locaux trouvés
De son côté, la Fifa, la fédération internationale de football, qui travaille avec Fare, a déclaré avoir contacté les autorités de Saint-Pétersbourg pour tenter de trouver une solution et a déclaré qu'elle «regrettait» ce qui s'était passé.
Finalement, le Fare a pu trouver de nouveaux locaux dans le centre-ville de Saint-Pétersbourg, et une nouvelle «Maison de la diversité», a pu rouvrir samedi samedi 16 juin.
L'espace accueille des expositions de football, retransmet des matchs, organise des débats et des réunions entre supporters de toutes nationalités et Russes.
Si en Russie, l'homosexualité a été décriminalisée en 1993, les préjugés envers les LGBTI sont encore légion et les agressions racistes courantes.
Concernant le monde du football, trois ans avant la Coupe du monde, le quotidien britannique The Guardian révélait, en 2015 qu'en l'espace de deux saisons, au moins 100 actes racistes avaient été recensés.
Et si aujourd'hui, dans les stades russes, les actes d’agressions physiques et les bannières néonazies ont quasiment disparu, il n'est pas rare d'entendre, à la place, des chants racistes et homophobes.
Il y a cinq ans, la Douma, le parlement russe, a d'ailleurs adopté une loi interdisant «la propagande de relations sexuelles non traditionnelles», très préjudiciable aux homosexuels.