Donald Trump s'est vanté lundi du dynamisme de l'industrie spatiale américaine privée, promettant l'hégémonie des Etats-Unis pour l'exploration de la Lune et de Mars, mais aussi dans toute éventuelle guerre spatiale.
«L'Amérique sera toujours la première dans l'espace», a déclaré le président américain lors d'un discours à la Maison Blanche.
«Nous ne voulons pas que la Chine et la Russie et d'autres pays nous dominent, nous avons toujours dominé», a-t-il poursuivi. «Mon administration va reprendre le flambeau en tant que premier pays de l'exploration spatiale».
Le commandant en chef a confirmé ce qu'il avait déjà évoqué auparavant: il souhaite la création d'une force spatiale indépendante de l'armée de l'air, un sujet controversé à Washington et notamment au sein du Pentagone.
La décision en revient au Congrès, mais il a ordonné lundi au département de la Défense d'en poser les jalons.
«Nous allons avoir une armée de l'air, et une force armée de l'espace, séparée mais égale», a-t-il dit, tranchant le débat actuel en défaveur de ceux qui voulaient que la nouvelle force spatiale soit rattachée à l'US Air Force.
«Pour défendre l'Amérique, une simple présence dans l'espace ne suffit pas, nous devons dominer l'espace», a déclaré Donald Trump.
Depuis son arrivée au pouvoir, le milliardaire s'est réinvesti dans les sujets spatiaux, reprenant à son compte le vocabulaire historique des «nouvelles frontières».
Il a cherché à augmenter le budget de la Nasa, et ordonné à l'agence spatiale américaine, en décembre, de retourner sur la Lune pour la première fois depuis 1972, et de préparer des missions vers Mars.
Le président a aussi engagé une déréglementation pour accélérer le processus d'autorisation et de licence par lequel les compagnies privées doivent passer avant de lancer une fusée ou un satellite.
«Les riches adorent les fusées»
Le secteur spatial américain est en pleine croissance, mais la Nasa a changé de rôle par rapport à la grande époque d'Apollo (1961-1972) et des navettes (1981-2011), étant devenue un client plutôt qu'un opérateur.
Depuis 2012, l'agence est sous contrat avec deux entreprises, SpaceX et Orbital ATK (rachetée récemment par Northrop Grumman), pour ravitailler la Station spatiale internationale.
Elle ne sait plus envoyer d'astronautes dans l'espace depuis 2011 et dépend du Soyouz russe - SpaceX et Boeing sont censés prendre le relais en 2019.
L'administration Trump veut privatiser la station à partir de 2025, ce qui est controversé au Congrès, afin de consacrer la majorité des moyens de la Nasa au retour d'astronautes sur la Lune.
«Cette fois, nous établirons une présence de long terme», a promis le président.
«La raison pour laquelle nous voulons retourner sur la Lune est que nous voulons faire atterrir des Américains à la surface de Mars», a expliqué Jim Bridenstine, le nouvel administrateur de la Nasa, un élu républicain nommé par Donald Trump.
Le plan de la Nasa est de construire la fusée la plus puissante de son histoire, «SLS», pour emmener dans l'espace suffisamment d'astronautes et de matériels pour des missions vers la Lune et, un jour, la planète rouge. Elle veut aussi construire une station en orbite autour de la Lune.
Mais là encore le privé aura sa place. La Nasa a déjà demandé au privé de concevoir des missions de livraison de matériel sur la surface lunaire.
«Les riches adorent les fusées», s'est amusé Donald Trump. «Du moment que c'est un riche Américain, ça va, ils peuvent nous battre».
Dans l'immédiat, avec la signature de deux directives récentes, il a transféré certains pouvoirs du Pentagone au sein du département du Commerce pour la régulation des satellites privés, notamment pour gérer un problème croissant : les «embouteillages» en orbite terrestre.
Le département de la Défense dénombre déjà 20.000 objets (satellites actifs ou morts, débris...), dont 800 satellites privés américains actifs, un nombre appelé à augmenter significativement chaque année.
Déjà, l'administration se vante d'avoir simplifié la bureaucratie.
Wilbur Ross, secrétaire au Commerce, a expliqué lundi que SpaceX ignorait jusqu'à cette année qu'elle devait avoir une autorisation pour retransmettre des images en direct de ses fusées pendant le décollage. La société a ensuite reçu une autorisation valable toute l'année, en seulement 23 jours, s'est félicité le ministre.