Les talibans ont ordonné dimanche à leurs combattants d'éviter de se mêler aux forces de sécurité afghanes et aux civils au lendemain d'un attentat ayant fait vingt-cinq morts dans une foule célébrant un cessez-le-feu inédit entre belligérants.
L'attaque de samedi s'est produite près de Jalalabad (Est) lors d'un week-end de célébrations pour l'Aïd al-Fitr, et d'un cessez-le-feu qui a donné lieu à d'inhabituelles scènes de fraternisation entre talibans et forces de sécurité afghanes. Il s'agit du premier cessez-le-feu formel à l'échelle nationale depuis l'invasion américaine de 2001 et les scènes de joie qu'il a suscitées ont éveillé des espoirs de paix parmi les Afghans épuisés par la guerre.
Daesh impliqué
L'attentat-suicide, qui a frappé une foule de talibans, civils et membres des forces de sécurité célébrant l'arrêt des combats, a été imputé à Daesh.
«Afin d'éviter tout tort aux civils (par notre présence), tous les commandants devront empêcher les moudjahidines de participer à de tels rassemblements», a annoncé le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid sur Twitter. Certains chefs talibans ont déclaré à l'AFP qu'ils voyaient d'un mauvais œil leurs combattants se rendre dans des zones contrôlées par le gouvernement et sympathiser avec les forces de sécurité.
Un Cessez-le-feu de huit jours
Le porte-parole taliban n'a fait aucune allusion à l'appel du président Ashraf Ghani samedi aux talibans à prolonger le cessez-le-feu au-delà de dimanche et à l'annonce d'une prolongation côté gouvernemental au-delà de mardi. M. Ghani a également indiqué que quarante-six prisonniers talibans avaient été libérés, une tendance qui «va se poursuivre», selon lui.
Le président Ghani, dont les offres de paix étaient restées jusqu'à présent sans réponse, avait annoncé la semaine dernière un cessez-le-feu unilatéral de huit jours avec les talibans pour la fin du ramadan. Les talibans ont de leur côté décrété une cessation des combats de trois jours. Les autres groupes armés, notamment Daesh, ne sont pas inclus dans le cessez-le-feu.
La mission de l'Otan en Afghanistan et les forces armées américaines ont indiqué qu'elles respecteraient l'annonce de prolongation du président Ghani. L'Union européenne a pour sa part qualifié la trêve «d'historique». Le chef du Haut Conseil afghan pour la paix, Mohammad Karim Khalili, chargé des négociations avec les talibans, a appelé ces derniers à «prendre en compte les souhaits du peuple» et à prolonger leur cessez-le-feu.