Les affrontements survenus lundi 14 mai dans la bande de Gaza ont fait au moins 60 morts et 2.400 blessés parmi les Palestiniens.
Alors que ces derniers dénoncent un «massacre», l’armée israélienne s’est quant à elle défendue en revendiquant une réponse proportionnée face à une «opération terroriste».
A quelques dizaines de kilomètres de là, était inaugurée la nouvelle ambassade des Etats-Unis, transférée de Tel Aviv à Jérusalem. Une cérémonie à laquelle participait notamment la fille du président Donald Trump, ce qui renforçait des tensions déjà vives dans la région.
Une situation hors de contrôle
Depuis le 30 mars, des Palestiniens se rassemblent régulièrement le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza pour réclamer la fin du blocus et le droit de récupérer les terres dont leurs ancêtres avaient été chassés en 1948. Une «marche du retour» présentée comme une manifestation pacifique, mais perçue comme une menace par l’armée israélienne, qui a fait usage de balles réelles contre certains participants, considérés comme des terroristes.
Alors que le point culminant du mouvement est attendu mardi 15 mai, à l’occasion du 70e anniversaire de la «Nakba», la «catastrophe» qu’a représenté pour les Palestiniens la création d’Israël, la situation a dégénéré dès lundi. Le déménagement de l’ambassade américaine, perçu comme une provocation, a en effet donné aux manifestants un motif supplémentaire de mobilisation.
Lors de rassemblements particulièrement nourris, réunissant des dizaines de milliers de personnes, de petits groupes se sont détachés pour lancer des pierres en direction des soldats israéliens. Ces derniers ont alors répliqué par des tirs meurtriers. Des raids aériens ont également été menés contre des cibles du Hamas. La veille, des tracts avaient été largués sur Gaza pour dissuader la population de participer à des «rassemblements violents», et le ministre israélien de la Défense avait annoncé que «tous les moyens» seraient utilisés pour défendre la frontière.
L’inquiétude internationale
Face à ce bilan - le plus lourd en une seule journée depuis la guerre de 2014 à Gaza - la communauté internationale a multiplié les appels au calme. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a demandé de «faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force». Il a par ailleurs rappelé le désaccord de Paris avec la décision de Washington de déplacer son ambassade. Une position partagée par plusieurs Etats européens, à l’instar du Royaume Uni, qui a encore affirmé que ce déménagement ne serait «d’aucune aide pour les perspectives de paix dans la région».
Plus véhément, le gouvernement turc a dénoncé un «massacre» dont «l’administration américaine est autant responsable qu’Israël». Les membres de la Ligue Arabe tiendront, de leur côté, une réunion d’urgence sur le sujet demain. Tous espèrent éviter le basculement dans une nouvelle guerre, alors que la région est déjà minée par le conflit syrien. Conflit dans lequel Israël s’est d’ailleurs de plus en plus impliqué dernièrement, attaquant des positions iraniennes, et laissant craindre un embrasement général.