L’avocat russe Alexeï Navalny, l’un des principaux opposants à Vladimir Poutine, appelle à manifester samedi 5 mai dans tout le pays, deux jours avant la cérémonie d’investiture du président pour un quatrième mandat.
Celui qui n’a pas pu se présenter à l’élection de mars dernier, en raison d’une condamnation judiciaire, compte opérer ainsi une démonstration de force. Dans un billet de blog intitulé «Poutine n’est pas notre tsar», il exhorte ses sympathisants à ne pas rester chez eux, au risque de «peu à peu devenir des serfs».
Militant farouche contre la corruption, Alexeï Navalny a organisé l’an dernier de nombreuses manifestations d’une ampleur inédite. Lundi 30 avril, il a pris part à un rassemblement à Moscou contre l’interdiction de la messagerie cryptée Telegram, et en a profité pour faire passer son message devant plusieurs milliers de personnes. «Bonjour la résistance!», a-t-il lancé, avant de raconter que la police lui avait interdit d’utiliser l’événement pour promouvoir sa manifestation. Il a donc ironisé: «S’il vous plait, ne venez pas le 5 mai!». «Si, nous viendrons!» avait répondu la foule.
Mais un tel déplacement n’est pas sans risque. À la veille de la précédente investiture de Vladimir Poutine, en mai 2012, une manifestation équivalente s’était soldée par de nombreuses interpellations. Le procès des personnes arrêtées, surnommé «l’affaire Bolotnaïa», du nom de la place où les opposants s’étaient rassemblés, avait été dénoncé comme un «simulacre» de justice par les ONG.
Certains manifestants, accusés de violence contre les forces de l'ordre, avaient écopé de peines allant jusqu’à trois ans et demi de prison. Et la liberté de manifester ne s'est pas amélioré depuis : lors du plus important rassemblement organisé par Alexeï Navalny en 2017, un millier de personnes avaient été arrêtées, dont l'avocat lui-même.