Pour la première fois depuis 35 ans, des Saoudiens assistaient ce vendredi à une séance de cinéma ouverte au grand public dans la capitale Ryad, avec la projection du film d'action américain «Black Panther».
Des dizaines d'hommes et de femmes sont entrés dans la salle de cinéma, pop-corn et boissons gazeuses en main, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette séance publique fait suite à une projection test mercredi dans ce cinéma ouvert dans le quartier d'affaires Roi Abdallah à Ryad. D'autres salles doivent ouvrir dans les prochains mois dans ce royaume où les cinémas avaient fermé dans les années 1980 sous la pression de religieux ultraconservateurs.
Les billets pour cette projection événement se sont arrachés très vite après le début des ventes en ligne, jeudi vers minuit. «Désolé ! Les billets sont épuisés», a indiqué le site de vente en ligne Noon.com.
La projection a lieu dans une salle ouverte à Ryad par le géant américain AMC Entertainment, première société autorisée à exploiter des cinémas en Arabie saoudite. La salle peut accueillir 250 spectateurs.
Selon le directeur général d'AMC Entertainment, Adam Aron, des plans sont en cours pour exploiter trois écrans supplémentaires dans les prochains mois.
La levée de l'interdiction des salles de cinéma, l'an dernier, s'inscrit dans une série de réformes sociétales lancées par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Après une chute des cours du pétrole en 2014, enrayée depuis, l'Arabie, premier exportateur de brut au monde, a cherché à diversifier son économie, notamment en augmentant l'offre de divertissement.
Les religieux partisans de la ligne dure, qui considèrent les salles de cinémas comme des lieux de péché, avaient joué un rôle clef dans leur fermeture dans les années 1980. Comme les programmes télévisés, les films projetés au cinéma seront soumis à la censure, qui considère habituellement comme tabous les sujets liés au sexe, à la religion et à la politique.
Le film projeté vendredi qui raconte l'histoire d'un jeune monarque dans royaume africain fictionnel riche en ressources a suscité des parallèles avec le prince ben Salmane. Plusieurs Saoudiens se sont plaints sur les réseaux sociaux du prix du billet, soit 75 rials saoudiens (environ 16 euros), estimé trop élevé en période d'austérité.
«Bienvenue dans une ère où les films peuvent être vus par les Saoudiens non pas à Bahreïn, non pas à Dubaï, non pas à Londres... mais à l'intérieur du royaume», a commenté Adam Aron.
Les exploitants cinématographiques ont longtemps considéré l'Arabie saoudite, et ses 30 millions d'habitants, dont la majorité a moins de 25 ans, comme le dernier marché de masse inexploité du Moyen-Orient. AMC Entertainment fera face à la concurrence d'autres poids lourds, comme VOX Cinemas de Dubaï. Principal exploitant du Moyen-Orient, VOX a annoncé qu'il ouvrira le premier cinéma IMAX du royaume dans les prochains jours.