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Heurts à la frontière Gaza-Israël : 7 Palestiniens tués

Un manifestant palestinien à la frontière entre Gaza et Israêl, le 6 avril 2018 [MOHAMMED ABED / AFP] Un manifestant palestinien à la frontière entre Gaza et Israêl, le 6 avril 2018 [MOHAMMED ABED / AFP]

Sept Palestiniens ont été tués et plus de 400 blessés par des soldats israéliens lors de protestations vendredi 6 avril près de la frontière entre Gaza et Israël, une semaine après une journée particulièrement meurtrière lors de manifestations similaires.

Le 30 mars, au début d'une série de manifestations palestiniennes pour réclamer le retour des réfugiés et la fin du blocus de Gaza par Israël, les violences ont coûté la vie à dix-neuf Palestiniens et blessé quelque 1.400, la journée la plus sanglante depuis la guerre en 2014 entre Israël et le Hamas palestinien.

Vendredi, des milliers de Palestiniens se sont à nouveau rassemblés près de la barrière de sécurité séparant le territoire israélien de l'enclave palestinienne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, ennemi juré de l'Etat hébreu.

Tirs de gaz lacymogènes en directions de manifestants palestiniens à la frontière Israël-Gaza à l'est de Khan Younès, le 6 avril 2018 [SAID KHATIB / AFP]
Tirs de gaz lacymogènes en directions de manifestants palestiniens à la frontière Israël-Gaza à l'est de Khan Younès, le 6 avril 2018

Des affrontements ont éclaté en plusieurs lieux longeant la barrière. Des manifestants ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens, provoquant des champignons de fumée au dessus de la barrière de sécurité pour gêner la visibilité de l'armée israélienne, selon des correspondants de l'AFP sur place. Les militaires ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes et des balles réelles.

Le ministère de la Santé à Gaza a indiqué que sept Palestiniens avaient été tués par des tirs de soldats israéliens, dont un adolescent de 16 ans. Plus de 400 Palestiniens ont été hospitalisés après avoir été blessés par des tirs de balles ou de gaz lacrymogènes, a-t-il ajouté.

Au moins six journalistes ont été blessés par balles, selon un communiqué du syndicat des journalistes palestiniens. La porte-parole de l'armée israélienne n'a pas réagi immédiatement à cette information.

Tirs de gaz lacrymogènes près de la frontière entre Israël et Gaza, le 6 avril 2018 [MAHMUD HAMS / AFP]
Tirs de gaz lacrymogènes près de la frontière entre Israël et Gaza, le 6 avril 2018

Selon l'armée, israélienne, environ 20.000 Palestiniens se sont rassemblés près de la frontière, notamment à l'Est des villes de Khan Younès et de Gaza. Certains ont pris part à des heurts et ont «tenté d'endommager et de franchir la barrière de sécurité sous un écran de fumée créé par les pneus enflammés».

Dans la soirée, Israël a informé le responsable palestinien en charge de l'entrée des biens dans Gaza de la suspension «jusqu'à nouvel ordre» de la livraison de pneus. Des engins explosifs et des cocktails Molotov ont également été lancés par les manifestants, a ajouté l'armée en soulignant que ses forces ripostaient «avec les moyens anti-émeutes et par balles, conformément aux règles d'engagement».

«Gaza est là !»

«Nous sommes venus ici pour cette terre et pour un avenir meilleur», a déclaré Mona al-Chaar, 43 ans, qui distribuait des bouteilles de vinaigre aux protestataires à l'est de Khan Younès pour soulager les brûlures dues aux gaz lacrymogènes. «Les Israéliens sont des lâches», a-t-elle ajouté.

Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, a salué les manifestations et condamné le blocus israélien de la bande de Gaza. «Ils ont dit que Gaza abandonnerait ses objectifs, son projet de libération et [son rêve] de retour [...] mais Gaza est là aujourd'hui», a-t-il lancé aux manifestants à l'est de Khan Younès.

Bande de Gaza [ / AFP]
Bande de Gaza

Dès jeudi, Israël avait prévenu que les consignes de tir resteraient les mêmes, malgré les critiques de l'ONU et de l'Union européenne sur l'usage par Israël de balles réelles.

Pour le général de brigade Ronen Manelis, porte-parole de l'armée israélienne, la journée a été un succès. «Aucun de nos soldats n'a été blessé et la frontière n'a pas été franchie», a-t-il affirmé, assurant que les évènements de la semaine passée «avait dissuadé le Hamas, qui a empêché les foules de s'approcher de la clôture.»

S'inquiétant de nouvelles victimes, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé les forces israéliennes à la «retenue maximale» et les Palestiniens à éviter les frictions.

L'émissaire du président américain Donald Trump pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt, a «condamné les leaders et les manifestants qui appellent à la violence ou envoient des manifestants -y compris des enfants- vers la barrière, sachant qu'ils pourraient être blessés ou tués».

Le KoweÏt a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU, dont il est membre non permanent, d'adopter une déclaration appelant à une enquête indépendante sur les affrontements israélo-palestiniens, mais les Etats-Unis ont bloqué cette démarche comme ils l'avaient déjà fait il y a une semaine, selon des diplomates. Les manifestations de vendredi étaient moins importantes que celles d'il y a une semaine, selon des correspondants de l'AFP sur place.

Désespérance 

Le 30 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens avaient afflué près de la barrière de sécurité, la plupart de manière pacifique, au premier jour de «la marche du retour».

Même si la majorité des manifestants s'étaient rassemblés de manière pacifique, des heurts avaient éclaté entre petits groupes de Palestiniens jetant des pierres et soldats israéliens tirant à balles réelles.

La protestation inédite de «la marche du retour» prévoit des rassemblements et campements durant six semaines à la frontière Israël-Gaza pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël le 14 mai 1948.

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