Le 4 avril 1968, un monument de l’histoire américaine s’écroulait.
Le pasteur Martin Luther King, prix Nobel de la paix en 1964, pour sa lutte non-violente pour l’égalité raciale, mourrait assassiné par un ségrégationniste blanc, sur le balcon de son motel à Memphis, Tennessee. En pleine mobilisation pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam, la mort du militant avait déclenché des émeutes dans plusieurs villes.
Car Martin Luther King était entré dans l’histoire en 1963, avec son discours «I have a dream», dans lequel il décrivait son rêve d’une société où l’égalité serait réelle entre les citoyens, quelle que soit leur couleur de peau. Une parole qui a porté ses fruits. Un an plus tard, le Civil Rights Act rendait illégale toute discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale. Restait à faire appliquer la loi.
Aujourd’hui, cinquante ans après la mort de Martin Luther King, la ségrégation raciale est officiellement abolie, et le pasteur dispose d’un mémorial non loin de la Maison Blanche. Mais son combat demeure d’actualité. «Lors de l’élection de Barack Obama en 2008, beaucoup ont affirmé que les États-Unis étaient entrés dans une ère post-raciale, or il n’en était rien», souligne ainsi Nicolas Martin-Breteau, maître de conférence en civilisation américaine à l’université de Lille.
La persistance d’inégalités s’observe en effet dans le taux d’incarcération des personnes de couleurs, largement supérieur à celui des blancs, ainsi que dans le nombre d’Afro-Américains tués par les forces de l’ordre. Les écarts de revenus et de patrimoine restent en outre importants entre les familles noires et blanches.
Face à ces injustices, de nouvelles figures militantes ont pris le relais. Des stars du spectacle et du sport, à l’instar de la chanteuse Beyoncé ou du joueur de football américain Colin Kaepernick, se sont emparés de la question raciale. Mais la mobilisation la plus forte vient des militants anonymes de Black Lives Matter («la vie des noirs compte»), contre les violences policières, «le premier mouvement de cette ampleur depuis la campagne pour les droits civiques», selon Nicolas Martin-Breteau. Les nouveaux porte-paroles d’un combat sans fin