Ballottée entre tensions commerciales, dégringolade du secteur technologique et tweets de Donald Trump, Wall Street a fortement baissé lundi reflétant les inquiétudes des investisseurs concernant l'impact des décisions de l'administration sur la santé des entreprises américaines.
Le Dow Jones Industrial Average, l'indice vedette de la Bourse de New York, a perdu 1,90% à 23.644,19 points après avoir cédé en cours de séance jusqu'à 3,15%. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 2,74% à 6.870,12 points. Au plus bas de la séance, il affichait un repli de 10,3% depuis son dernier record le 12 mars. L'indice S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées à Wall Street, a lui baissé de 2,23% à 2.581,88 points.
Cette déconfiture a été alimentée par les menaces pesant sur les entreprises américaines vendant leurs biens à l'étranger.
Dernier coup de semonce en date : Pékin a décidé lundi de mettre à exécution des mesures punitives contre 128 produits américains en réponse à l'annonce par Donald Trump de droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis.
Les investisseurs ont également été troublés par un nouveau coup de boutoir du président américain contre le Mexique qui, selon lui, «ne fait rien» pour empêcher les migrants d'Amérique centrale de franchir ses frontières. Dans un tweet dimanche, Donald Trump a menacé de suspendre l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, la Canada et le Mexique (Aléna), actuellement en cours de renégociation.
Toutefois, «les indices ont regagné environ un tiers de leurs pertes en fin de séance après des informations selon lesquelles l'administration Trump fait pression pour obtenir un accord de principe avec le Mexique et le Canada sur un nouvel accord pouvant être annoncé au Sommet des Amériques eu Pérou les 13 et 14 avril», a relevé Karl Haeling de la banque LBBW.
Déroute du secteur technologique
Le compte Twitter du locataire de la Maison Blanche a fait une autre victime lundi : Amazon. Donald Trump multiplie en effet depuis jeudi les messages contre le géant du commerce en ligne, dénonçant ses pratiques fiscales et son usage de la poste américaine. Face à la menace d'éventuelles sanctions, le titre du groupe a encore reculé lundi de 5,21%.
Le secteur de la technologie dans son ensemble a aussi continué à pâtir des secousses du scandale autour de l'utilisation des données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook par la société de conseil britannique Cambridge Analytica.
«Toute cette histoire pourrait impliquer des changements importants dans le modèle économique ou la supervision réglementaire des entreprises vivant des données de leurs utilisateurs», a souligné Art Hogan de Wunderlich Securities. «Ces évolutions pourraient affecter leurs bénéfices et les investisseurs sont en train de recalibrer les valorisations accordées à ces groupes», a-t-il ajouté.
Facebook, déjà fortement chahuté au cours des deux dernières semaines, a de nouveau perdu lundi 2,75%.
Plombée par de multiples déboires, le constructeur de voitures électriques Tesla était aussi en ligne de mire: après avoir cédé autour de 25% depuis fin février, l'entreprise a encore chuté de 5,13%.
Face à la dégringolade de toutes ces valeurs affichant généralement des performances meilleures que le reste du marché, «on est clairement en train de revoir les valorisations de l'ensemble du marché» en attendant le début de la prochaine saison de résultats, a remarqué JJ Kinahan, spécialiste des marchés pour la plateforme de courtage TD Ameritrade.
Les investisseurs semblent aussi avoir du mal à gérer «l'imprévisibilité des politiques économiques américaines» concernant aussi bien d'éventuelles sanctions commerciales qu'un tour de vis réglementaire sur certaines entreprises américaines, selon Karl Haeling. «Sans détails, il est difficile d'anticiper la direction de l'économie et du marché», a-t-il noté. «Au vu d'une telle incertitude, les investisseurs adoptent de plus en plus le vieil adage "lorsque vous doutez, décampez"».