Des dizaines de milliers de personnes ont marché une nouvelle fois samedi en Espagne pour exiger une revalorisation de leurs retraites et défendre le système actuel menacé à terme de privatisation par la droite au pouvoir, selon les syndicats.
Mariano «Rajoy, voleur, tu voles ma pension !»; «La droite manipule et vole avec des pensions de m...» : à Barcelone et Madrid notamment, où ils ont bravé pluie et neige, des retraités déterminés ont rempli les rues du centre à partir de 11h00 (10h00 GMT).
«Il y a une perte de pouvoir d'achat des classes les plus modestes», expliquait à l'AFP Emilio Zamora, retraité depuis deux ans armé d'une affiche où l'on pouvait lire : «sans pain pas de paix».
«Ca va de mal en pire», se plaignait de son côté Mari Carmen Calvo, une coiffeuse de 70 ans venue manifester avec son mari.
Il s'agit de la quatrième grande manifestation depuis le mois de septembre, pour exiger que les retraites soient revalorisées au-delà des 0,25% accordés en 2016 et 2017, en-dessous du taux d'inflation (1,2% fin 2017).
Un enjeu de taille pour le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy qui s'appuie traditionnellement sur un électorat sénior.
Ces faibles revalorisations, estime le syndicat Commissions ouvrières (CCOO) dans un communiqué, ont pour «but de favoriser les retraites privées au détriment des publiques avec à terme un horizon de libéralisation».
Le gouvernement de son côté explique qu'il est tenu par des objectifs de stabilité budgétaire imposés par l'UE et doit faire face à une hausse systémique des dépenses liée au vieillissement de la population.
Mariano Rajoy s'est engagé à faire des efforts pour les plus petites retraites mais il a subordonné mercredi une hausse au vote du budget 2018 par l'opposition, tentant ainsi de retourner une situation difficile.
C'est à l'occasion du débat sur le budget «que nous pourrons parler d'améliorations possibles pour le bien-être des Espagnols, y compris en matière de retraites», a déclaré M. Rajoy qui a considéré que le système devait rester fondé sur la «création d'emploi», permettant, via les cotisations, de continuer à financer les retraites.
L'opposition pour sa part accuse le gouvernement d'avoir vidé un fonds de réserve destiné au paiement de celles-ci et de pénaliser les plus pauvres.
L'évolution démographique a entraîné une hausse du poids des retraites dans le budget de l'Etat, passant de 21,6% des dépenses à 29% en dix ans.
Le phénomène de viellissement de la population concerne toute l'Europe selon Eurostat : les personnes de 65 ans et plus représenteront 28,7% de la population de l'UE à 28 en 2080, contre 18,9 % en 2015.