Elu dernièrement à la tête du parti, Olivier Faure a pour mission de faire renaître la formation de ses cendres.
L’opération de la dernière chance. A la peine depuis les élections de mai et juin, le Parti socialiste a enfin élu son nouveau premier secrétaire, en fin de semaine dernière. Arrivé en tête avec 48,5 % des voix, Olivier Faure, qui devrait être officiellement investi lors du congrès, le 7 avril, est confronté à une tâche immense : réanimer une formation politique plus que jamais exsangue et divisée.
Méconnu du grand public, mais largement estimé au sein même du parti, le chef de file des socialistes à l’Assemblée nationale se pose en «rassembleur. Mais, il va surtout devoir jouer un rôle d’équilibriste pour réinventer un parti certes «affaibli», mais toujours «debout», selon ses dires.
Une ligne à préciser
Principal défi, se repositionner sur l’échiquier politique. Depuis les départs successifs de Manuel Valls, qui incarnait l’aile droite, et de Benoît Hamon, celle de gauche, la formation n’incarne, en effet, plus de ligne idéologique claire et susceptible de remobiliser les troupes. Sur le front des idées, elle est «prise en étau entre la gauche radicale des Insoumis et le social-réformisme des Marcheurs», relève le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi. Alors que le PS était encore un pan du bipartisme il y a un an, l’enjeu est donc de redevenir une figure d’alternance. Un but difficile à atteindre, à l’heure où seulement 11 % des Français estiment qu’il incarne le mieux l’opposition, derrière LR (27 %) et le FN (23 %), selon un récent sondage Ifop.
De même, le parti devra prendre garde à une éventuelle coalition des autres partis de gauche. Car, c’est dans cette optique que Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations, a appelé hier Jean-Luc Mélenchon à abandonner sa «stratégie solitaire» pour faire front commun contre les réformes de l’exécutif. Face à des électeurs qui s’éparpillent, Olivier Faure, réputé homme de consensus, souhaite donc «rassembler» autour d’une gauche élargie, de l’extrême gauche au centre. «La seule chance du PS pour se démarquer, c’est de proposer une politique réformiste, européenne, mais qui se bat contre les inégalités», selon Frédéric Dabi. L’objectif ? Apparaître comme une force de gouvernement crédible, pragmatique, tout en conservant l’héritage historique de la gauche.
Des chiffres en berne
En plus d’être dans le marasme au niveau politique, le parti l’est en termes logistiques. Ainsi, seuls 31 députés socialistes ou affiliés siègent désormais au Palais-Bourbon. De même, le parti ne comptait plus que 102 000 adhérents en janvier dernier, contre 173 000 en 2012, selon les chiffres revendiqués par la direction. Une hémorragie qui ne fait que s’aggraver depuis les récentes déroutes électorales. D’autant que si la vente de Solférino, le siège historique du PS, a renfloué les caisses de plus de 45 millions d’euros à la fin du mois de février, le parti reste en difficulté. Comme en témoigne le plan social auquel il avait dû se résoudre en décembre. Une faible marge financière qui devrait encore un peu plus compliquer l’entreprise de refondation de la maison socialiste.