L'élection présidentielle a été repoussée à la deuxième quinzaine de mai. Impopulaire mais presque assuré de la victoire, le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro a officialisé mardi sa candidature à la présidentielle anticipée du 22 avril dans son pays en faillite, un scrutin boycotté par l'opposition et condamné par la communauté internationale.
«Voilà le plan de la patrie 2025, qui consiste en un renforcement de la voie et de l'héritage de notre bien aimé commandant Hugo Chavez (...) vers la prospérité économique», a déclaré le chef de l'Etat en remettant son dossier à la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena, en direct à la télévision. Vêtu de sa traditionnelle chemise rouge, Nicolas Maduro s'était rendu peu avant sur la tombe d'Hugo Chavez, qui a dirigé le pays de 1999 à 2013. Une fois cette formalité accomplie, il s'est adressé à ses supporters devant le CNE et a esquissé quelques pas de regaetton avec son épouse Cilia.
«Nous allons l'élire à nouveau, avec notre bulletin de vote nous allons résoudre nos problèmes», a déclaré à l'AFP Hector Cadenas, qui attendait le président devant le CNE.
Prenant de court une opposition divisée et affaiblie, le M. Maduro a avancé au 22 avril l'élection présidentielle initialement prévue pour la fin de l'année. Elu en 2013, Nicolas Maduro, 55 ans, est très impopulaire dans ce pays pétrolier en pleine crise économique, frappé par de graves pénuries de médicaments et d'aliments. Il est pourtant quasi assuré d'être réélu, selon les analystes, son plus grand rival, la coalition d'opposition de la MUD (Table d'unité démocratique), ayant décidé de ne pas participer à la présidentielle en dénonçant un «simulacre d'élection».
«Elections de façade»
«Ce sont des élections de façade, (faites) sur-mesure pour le gouvernement», jugeait le politologue Luis Salamanca. Trois «petits» candidats devraient se trouver face à Nicolas Maduro le 22 avril: Henri Falcon, un militaire à la retraite et dissident du chavisme (mouvement fondé par Hugo Chavez), un pasteur évangélique, Javier Bertucci, et Reinaldo Quijada, autre chaviste qui a pris ses distances.
«Ils peuvent être vus comme des figurants qui permettent à Maduro de dire qu'il a des adversaires, mais sans la MUD, aucun d'eux n'a de chance», ajoute M. Salamanca. La liste définitive de candidats sera connu d'ici au 1er mars. Selon l'Institut vénézuélien d'analyse des données (IVAD), Falcon obtiendrait 23,6% des votes, contre 17,6% pour Maduro.
Mais face à l'appareil chaviste, au vaste contrôle institutionnel et social du gouvernement, l'opposant Falcon est loin de représenter une véritable menace, estiment les analystes. Falcon «pourra attirer quelques (votes) d'opposants, mais son impact sera minime», prédisait la politologue Francine Jacome.
«La façon dont Maduro organise les élections va conduire à un plus grand isolement international, mais le gouvernement est clairement disposé à en payer le coût, si cela lui permet de se maintenir au pouvoir», selon le cabinet Eurasia Group. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a appelé lundi le Venezuela a garantir «des élections crédibles», en brandissant la menace de nouvelles sanctions de l'UE.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela Jorge Arreaza a indiqué avoir demandé la veille au chef de l'ONU Antonio Guterres d'envoyer des observateurs pour surveiller le bon déroulement du scrutin. «Nous attendons maintenant la réponse des Nations unies», a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse à Genève, en marge d'une réunion du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.