Le président sortant de Chypre, le conservateur Nicos Anastasiades, a été réélu dimanche face au candidat de gauche Stavros Malas, après s'être engagé à relancer les pourparlers de réunification de la petite île méditerranéenne, divisée depuis 1974.
M. Anastasiades, 71 ans, a obtenu 55,99% des voix contre 44% pour M. Malas, selon les résultats définitifs. Le taux de participation s'est élevé à 73% comparé à 71,88% au premier tour dimanche dernier, alors que quelque 550.000 électeurs étaient appelés à voter.
Dans la capitale Nicosie, des dizaines de supporters du président réélu ont commencé à affluer en début de soirée dans le bâtiment où M. Anastasiades doit prononcer son discours de victoire.
«Je suis venue le féliciter», a confié tout sourire à l'AFP Christina Zikkou, avocate de 42 ans qui a pris part à la campagne comme bénévole.
«J'étais confiante, car le peuple a pu voir tout ce qu'il a accompli durant cinq ans et constater qu'il est l'homme dont le pays a besoin», a-t-elle ajouté, une écharpe de son champion autour du cou.
M. Anastasiades avait déjà été opposé lors de la précédente présidentielle, en 2013, à Stavros Malas, un ancien ministre de la Santé soutenu par les communistes, élection qu'il avait confortablement remportée.
Une des principales questions ayant été au coeur du débat électoral a été la division de l'île, qui est scindée en deux depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par les troupes turques en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui avait suscité l'inquiétude de la minorité chypriote-turque.
Du fait de la partition, la République de Chypre, membre de l'Union européenne et de la zone euro, n'exerce son autorité de facto que sur les deux tiers du territoire, dans le sud, où vivent les Chypriotes-grecs.
Chômage en baisse
Dans le tiers nord résident les Chypriotes-turcs qui sont administrés par la République turque de Chypre du Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue uniquement par Ankara.
Pendant cinq ans, M. Anastasiades s'est employé à relancer les pourparlers pour réunifier l'île.
Mais les négociations sous l'égide de l'ONU avec le dirigeant de la RTCN, Mustafa Akinci, ont échoué en 2017 et le processus suscite de plus en plus de scepticisme chez les Chypriotes.
Fervent défenseur d'une réunification, Stavros Malas, 50 ans, avait critiqué pendant la campagne électorale le président sortant pour ne pas être allé assez loin dans les négociations.
M. Anastasiades aura la tâche très délicate de parvenir à des compromis avec la partie adverse sur des points majeurs, comme la présence de plus de 40.000 soldats turcs, les ajustements territoriaux ou les garanties de sécurité.
M. Anastasiades «continuera à faire beaucoup pour l'économie et le problème chypriote», autrement dit la question de la réunification, a estimé George Souglis, propriétaire d'une station essence, à la sortie d'un bureau de vote de la capitale Nicosie.
Resté un enjeu central, le «problème chypriote» a été concurrencé dans cette campagne par les questions économiques.
Après une grave crise financière en 2013, le pays a en effet connu un redressement rapide, aidé par un record historique du secteur touristique en 2017. Les autorités espèrent également tirer profit de l'exploration gazière en mer.
Même si le taux de chômage est redescendu à 11%, le redressement demeure fragile.
Pour beaucoup, M. Anastasiades est associé à la récente reprise de l'économie, alors que la quasi faillite de 2013 a été imputée au parti communiste, alors au pouvoir.
«En quelques années, nous sommes sortis de la crise et aujourd'hui, Chypre est vu comme un exemple de succès (économique), et cela grâce au gouvernement», a estimé Ekavi Charalambidou, 55 ans, revenue d'Allemagne pour voter.