La zone euro a donné lundi son accord de principe au déboursement d'une nouvelle tranche d'aide à la Grèce et se dit maintenant prête à discuter d'un allègement de sa dette, à quelques mois de la fin du programme de soutien dont bénéficie Athènes depuis 2015.
«Les gens sont maintenant convaincus que les choses ont changé et commencent à parler de l'avenir et de la sortie du programme», s'est félicité le ministre grec des Finances, Euclid Tsakalotos, dont le pays est toujours sous le coup d'une dette colossale de 180% du PIB.
L'aide validée lundi, d'un montant de 6,7 milliards d'euros, a été accordée par les ministres des Finances de la zone euro après avoir constaté qu'Athènes avait mis en oeuvre l'essentiel des réformes réclamées en échange de ce soutien.
Le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno, a cependant souligné que le déboursement de cette somme ne serait effectif qu'une fois que les dernières mesures encore en suspens auront été adoptées.
Selon le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, «95 des 110» réformes économiques et sociales réclamées ont pour l'instant été adoptées par la Grèce.
Leur mise en oeuvre a cependant suscité grèves et manifestations dans le pays. La plus décriée d'entre elles consiste en un durcissement du droit de grève.
Ces mesures étaient réclamées dans le cadre d'un troisième programme d'aide à la Grèce, lancé à l'été 2015 sous l'égide de l'Union européenne, qui prévoit des crédits d'un montant maximum de 86 milliards d'euros. Sur ce total, 40,2 milliards ont déjà été déboursés.
Ce programme court jusqu'au mois d'août et Athènes espère ensuite être en mesure de se financer à nouveau entièrement sur les marchés. La tranche d'aide doit être versée en deux fois : d'abord de 5,7 milliards d'euros dans la seconde moitié de février, puis un milliard d'euros en avril.
Cet argent doit permettre à la Grèce «de couvrir le service de la dette, de payer des arriérés» et aussi de commencer à constituer «un matelas financier» pour la période post-programme, a souligné M. Centeno.
Allègement de la dette
Ce déboursement a été obtenu par la Grèce avec beaucoup moins de difficulté que le précédent, de 8,5 milliards d'euros, qui n'avait été accordé qu'après de longs mois de négociations. Il constitue une «étape» importante vers la «sortie du programme» grec, «sur laquelle nous devons travailler d'ici cet été», a insisté Moscovici.
Prochaine étape: un tout dernier versement, dont le montant n'a pas encore été décidé, devrait avoir lieu en juin, en échange de nouvelles réformes.
Mais Centeno a surtout annoncé que la zone euro allait pouvoir «dans l'avenir débuter le travail technique sur des mesures d'allègement de la dette grecque», appelées de ses voeux par Athènes, mais qui fait face aux réticences de plusieurs pays, Allemagne en tête.
Les Européens étudieront en particulier un mécanisme, proposé par la France, qui lie le remboursement de la dette au niveau de la croissance grecque : si celle-ci était décevante, l'allègement de la dette serait plus important, mais si elle est conforme aux attentes, rien ne bouge.
Ces discussions devraient s'ouvrir dans les semaines à venir, peut-être même dès le mois de février. «Je trouve ça extrêmement encourageant que nous puissions, je l'espère bientôt, mettre cette crise totalement derrière nous», a affirmé Moscovici.
La Grèce vit depuis 2010 sous perfusion de prêts internationaux consentis par les Européens et le FMI en échange de purges successives d'austérité et de dérégulation qui ont fait fondre d'un quart le PIB et propulsé le chômage à un niveau record dans la zone euro.
Le pays a cependant vu sa croissance redevenir positive en 2017, à 1,6% du PIB après plusieurs années dans le négatif. La Commission européenne anticipe même une croissance de 2,5% en 2018 et 2019.
Cette reprise a récemment poussé l'agence de notation financière S&P Global Ratings à relever la note de la Grèce de «B-» à «B».