La police birmane a ouvert le feu mardi soir sur une foule de nationalistes bouddhistes en colère, tuant sept manifestants dans l'ouest du pays, région sous très haute tension, théâtre de violences contre les musulmans rohingyas.
«Les forces de sécurité ont demandé à la foule de se disperser et ont tiré des coups de semonce dans le ciel avec des balles en caoutchouc. Mais sans effet. Alors la police a tiré à balles réelles pour disperser les gens», a expliqué l'AFP Myo Soe, porte-parole de la police birmane.
«Sept personnes ont été tuées et treize blessées à Mrauk U», a-t-il ajouté, précisant que vingt policiers avaient également été blessés par des jets de pierres.
Mercredi matin, le calme était revenu dans la ville et la police a été déployée dans les rues, a-t-il précisé.
Un hôpital de la ville voisine de Sittwe a confirmé avoir pris en charge mercredi matin six blessés. «Cinq d'entre eux ont des blessures par balles et le sixième semble avoir été battu. Ils sont actuellement en salle d'opération», a déclaré à l'AFP Khing Maung Than, médecin à l'hôpital de Sittwe.
C'est l'interdiction d'une manifestation de nationalistes, soucieux de commémorer l'ancien royaume Rakhine bouddhiste, qui a déclenché la colère de la foule. Les quelque milliers de personnes rassemblées malgré tout ont lancé des slogans réclamant «la souveraineté de l'Etat Rakhine» avant de s'en prendre à un bâtiment officiel.
Un «grave traumatisme»
«C'est un crime. Nous aimerions savoir qui a donné l'ordre de tirer», s'est insurgé auprès de l'AFP Hla Saw, député de la région de Mrauk U. «Ils n'osent pas tirer sur les terroristes mais tirent sur des gens de l'ethnie Rakhine car ils ne les considèrent pas comme des êtres humains», a-t-il ajouté, estimant que cet incident pourrait représenter un «grave traumatisme» pour la région.
Ancienne capitale de ce royaume, Mrauk U se situe en Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, région sous très haute tension depuis l'été dernier et le début d'une campagne de répression de l'armée birmane, qui a poussé plus de 650.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas à fuir au Bangladesh. Les Nations unies et les ONG évoquent une «épuration ethnique».