Donald Trump et six membres de son entourage sont les grands gagnants de la vaste réforme fiscale des républicains, le président bénéficiant personnellement d'une réduction d'impôts allant jusqu'à 15 millions de dollars (12 millions d'euros) par an.
Le président américain a remporté sa première victoire législative mercredi avec cette nouvelle loi, la refonte la plus radicale du code fiscal en trois décennies, réduisant les impôts des entreprises et des riches.
«Sur le plan des affaires, il pourrait en profiter», a reconnu Sarah Huckabee Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche.
Et ce n'est rien de le dire, puisque l'analyse par un thinktank de Washington, le Centre for American Progress (CAP), a révélé que les changements apportés aux règles commerciales permettront à Trump d'économiser environ 11 à 15 millions de dollars (9 à 12 millions d'euros) par an, tandis qu'une modification de la taxe sur les successions d'une personne décédée profitera aux très riches. Les héritiers n’auront effectivement rien à payer tant qu’ils ne reçoivent pas plus de 11 millions de dollars (neuf millions d'euros), contre cinq millions (soit quatre millions d'euros) jusqu’à présent.
L'immobilier des ultra-riches au beau fixe
L’importante réduction de l’impôt sur les sociétés, qui profitera à tous les entrepreneurs, n’est pas la seule bonne nouvelle pour le président des Etats-Unis. Les magnats de l’immobilier tels que lui, bénéficieront d’une réduction de la taxation des revenus de structures spécifiques, à savoir les sociétés à responsabilité limitée et les partenariats économiques. Trump détient plus de 500 entreprises de ce genre, révèle France24.
Dès l’entrée en vigueur de la réforme fiscale, les revenus de ces entreprises (directement ajoutés à la base imposable du propriétaire) seront taxés à 29,6 % et non plus 39,6 %. Une réduction qui devrait permettre au président-milliardaire d’économiser des dizaines de millions de dollars par an. «À la dernière minute, le texte a même été encore amendé pour enlever certaines restrictions à cette réduction qui avaient été inscrites dans des versions précédentes de la réforme», indique le New York Times.
La classe moyenne -encore- pénalisée
Autre avantage, la réforme maintient une niche fiscale appréciée des promoteurs immobiliers. Ils pourront en effet continuer à ne pas payer de taxes sur certains profits tirés de leurs propriétés si les gains sont réinvestis dans des projets immobiliers similaires (comme par exemple les gains d’un hôtel, si l’argent est utilisé pour rénover un autre hôtel).
TJ Helmstetter, directeur de la communication d'Americans For Tax Fairness, a déclaré : «Ce n'est pas une réforme fiscale, c'est une saisie d'argent par les ultra-riches, y compris les multimillionnaires du Congrès et le cabinet de Trump. En fin de compte, plus de 80% des réductions d'impôt se retrouveront dans les poches des 1% supérieurs. Pendant ce temps, tout cela sera payé par la classe moyenne et les familles qui luttent pour s'en sortir».
Une déclaration de revenus toujours secrète
Trump avait promis de divulguer ses déclarations de revenus, comme tous les présidents depuis les années 1970, mais n'a finalement pas tenu parole. La publication de ces déclarations permettrait pourtant de mettre un terme à la polémique, mais le président refuse toujours de les rendre publiques.
En attendant, les très riches apprécieront ces changements puisque le taux d’imposition sur les revenus des très grandes fortunes - comme celle de Trump - va passer de 39,6 % à 37 %. Les revenus des plus riches vont augmenter de 2,3% d’ici 2025, alors que ceux des plus pauvres ne progresseront que de 0,3 %.
Seth Hanlon, senior au thinktank, a déclaré : «Je pense que le peuple américain, qu'il recoive une augmentation ou une réduction d'impôt de ce projet de loi, est scandalisé que le président Trump, son cabinet et les membres du Congrès reçoivent de gros gains de cette réforme».