Selon Human Rights Watch (HRW), les autorités chinoises collecteraient des échantillons d'ADN, des empreintes digitales et d'autres données biométriques sur les habitants du Xinjiang, une région du nord-ouest du pays où vit la communauté musulmane des Ouïghours.
Au total, près de 11 millions de personnes, âgées de 12 à 65 ans, seraient ainsi concernées.
Pour l'organisation des droits de l'Homme, le gouvernement chinois constitue une gigantesque base de données où seraient également consignés des photographies, empreintes et scanners de l'iris des yeux en plus d'informations administratives sur le foyer.
«L'examen de santé pour tous»
Officiellement, ces informations sont collectées dans le cadre d'un programme gouvernemental appelé «examen de santé pour tous».
Mais cette masse de renseignements, souligne HRW, pourrait aussi être utilisée pour «surveiller les gens en raison de leur appartenance ethnique, de leur religion, de leur opinion ou de tout autre exercice de leurs droits protégés, comme, par exemple, la liberté d'expression».
Xinjiang orders collection of DNA from all residents, possibly under the guise of public health program https://t.co/UzQSMNZqoy pic.twitter.com/so7S7A3NZE
— Maya Wang 王松莲 (@wang_maya) 13 décembre 2017
L'organisation non gouvernementale le dit sans ambages : «le recueil obligatoire de données biométriques de toute une population dans une banque de données constitue une violation flagrante des droits de l'homme».
«C'est encore plus perturbant lorsque cela est fait subrepticement, sous le prétexte d'un programme gratuit de santé publique», ajoute-t-elle.
La population ne serait pas informée
Toujours selon HRW, une partie de cette collecte serait même effectuée pendant les visites médicales de routine financées par le gouvernement et il n'est pas certain que les gens sachent que les tests auxquels ils sont soumis visent à recueillir des informations qui tôt ou tard pourraient être exploitées par la police.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang, a quant-à-lui vivement rejeté les accusations de Human Rights Watch, affirmant qu'elles étaient «erronées» et qualifiant la situation dans la région de «bonne».
Une région très surveillée
Dans les faits pourtant, le Xinjiang est l'une des régions chinoises où le contrôle de l'Etat est le plus strict. Il est fréquent de voir des soldats armés patrouiller dans les rues des villes de la région.
Régulièrement, les Ouïghours manifestent en masse pour faire valoir leurs droits alors que Pékin les qualifient parfois d'extrémistes islamistes responsables, selon elles, d'attaques contre le gouvernement et contre des civils.
Plusieurs groupes de défense des droits de l'homme affirment que la plupart des violences au Xinjiang sont le résultat direct des restrictions religieuses, culturelles, linguistiques et d'expression imposées au peuple ouïghour, ainsi que du manque d'opportunités économiques et d'emploi dans la région, qui ajoute au désespoir des habitants.