Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié mercredi Israël d'«Etat d'occupation» et a taxé Donald Trump de sionisme. Il a également appelé à reconnaître Jérusalem-Est comme «capitale» de la Palestine aux côtés d'autres dirigeants arabes.
«Israël est un Etat d'occupation. De plus, c'est un Etat terroriste», avait déclaré le chef de l'Etat turc lors du discours d'ouverture d'un sommet extraordinaire des dirigeants du monde musulman.
Même ton, quelques heures plus tard, lors de son discours de clôture, pendant lequel, le président en exercice de l'OCI et de la Turquie a accusé Donald Trump d'avoir une «mentalité sioniste». «Le destin de Jérusalem ne peut pas être laissé aux mains d'un pays qui s'abreuve de sang, élargit ses frontières en tuant sauvagement des enfants, des civils et des femmes», a-t-il ajouté.
Communiqué de plusieurs dirigeants arabes
«Nous proclamons Jérusalem-Est capitale de l'Etat de Palestine et appelons les autres pays à reconnaître l'Etat de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale occupée», ont déclaré les leaders musulmans aux côtés d'Erdogan dans un communiqué publié à l'issue d'un sommet extraordinaire de l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) à Istanbul.
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a d'ores-et-déjà indiqué ne pas être «impressionné» par les déclarations des leaders musulmans.
La plupart des pays arabo-musulmans reconnaissent déjà Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat que les Palestiniens appellent de leurs voeux. «Nous rejetons et condamnons fermement la décision irresponsable, illégale et unilatérale du président des Etats-Unis reconnaissant Jérusalem comme la prétendue capitale d'Israël. Nous considérons cette décision comme nulle et non avenue», ont-ils ajouté. Ils ont en outre estimé que la décision du président américain Donald Trump, annoncée le 6 décembre, nourrissait «l'extrémisme et le terrorisme».
C'est «un sabotage délibéré de tous les efforts visant à parvenir à la paix, nourrit l'extrémisme et le terrorisme et menace la paix et la sécurité mondiales», selon le communiqué. Ils ont aussi affirmé que Washington, en décidant cette mesure qui va à l'encontre des résolutions internationales, «signe son retrait de son rôle de médiateur dans la quête d'un règlement de paix». L'administration américaine «encourage ainsi Israël, la force occupante, à poursuivre la colonisation, l'apartheid et le nettoyage ethnique dans les territoires palestiniens occupés en 1967», poursuit le communiqué.
Israël, «Etat terroriste»
Dimanche, Erdogan avait déjà qualifié dimanche Israël d'«Etat terroriste» qui «tue des enfants», ajoutant qu'il «lutterait par tous les moyens» contre la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu.
«La Palestine est une victime innocente (...) Quant à Israël, c'est un Etat terroriste, oui, terroriste !», a lancé M. Erdogan lors d'un discours enflammé à Sivas (centre). «Nous n'abandonnerons pas Jérusalem à la merci d'un Etat qui tue des enfants», avait-il ajouté.
L'annonce de Trump en question
Ces déclarations surviennent quelques jours après la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël, une annonce qui a été fermement condamnée par Ankara.
Le président turc, qui a plusieurs fois qualifié Jérusalem de «ligne rouge pour les musulmans», a vivement critiqué cette décision, indiquant qu'elle était «nulle et non avenue» pour Ankara.
«Nous allons lutter jusqu'au bout par tous les moyens» contre cette décision, a poursuivi le chef de l'Etat turc, rappelant qu'un sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) devait se tenir mercredi à Istanbul.
Lors de ce sommet, «nous allons montrer qu'appliquer cette mesure ne sera pas aussi facile que cela», a assuré M. Erdogan.
L'annonce américaine a été suivie de violences lors desquelles quatre Palestiniens ont été tués et des dizaines blessés. L'aviation israélienne a effectué vendredi des raids sur Gaza en réaction à des tirs de roquettes.
Lors de son discours, M. Erdogan a fait projeter derrière lui une photo montrant un adolescent présenté comme un Palestinien habitant à Hébron, en Cisjordanie occupée, emmené, les yeux bandés, par des individus en uniforme présentés comme des soldats israéliens.
Des relations normalisées depuis 2016
«Voyez comment ces terroristes traînent cet enfant de 14 ans», a fulminé le président turc en désignant cette photo dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée dans l'immédiat.
La Turquie et Israël ont normalisé leurs relations l'année dernière, après une crise diplomatique déclenchée en 2010 par un raid israélien contre un navire d'une ONG en direction de la bande de Gaza, qui a fait dix morts parmi les activistes turcs.
Les deux parties ont intensifié leur coopération, notamment dans le domaine de l'énergie, mais M. Erdogan, défenseur de la cause palestinienne, continue à critiquer régulièrement la politique israélienne.
Avant l'annonce de Trump, Erdogan avait estimé que reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël pourrait provoquer une nouvelle «rupture» des relations diplomatiques entre la Turquie et l'Etat hébreu.