La fin d'année est proche et le bilan législatif est maigre : au plus bas dans les sondages, Donald Trump espère arracher une victoire au Congrès dans les semaines à venir. Mais l'équation politique est compliquée.
De Ronald Reagan à Barack Obama, la première année au pouvoir est traditionnellement celle durant laquelle les présidents américains font passer les réformes les plus emblématiques - ou les plus délicates - surfant sur l'élan des urnes.
Mais contrairement à ses prédécesseurs, Donald Trump n'a jamais connu l'état de grâce des débuts. Ses relations avec l'opposition démocrate sont très difficiles, celles avec les élus républicains, majoritaires au Congrès, loin d'être harmonieuses.
Frustration de Trump
Le locataire de la Maison Blanche, dont la frustration est palpable, reçoit mardi les leaders républicains et démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat : Paul Ryan, Mitch McConnell, Nancy Pelosi et Chuck Schumer. Au menu de cette rencontre très attendue à Washington : fiscalité, dette, immigration, santé.
La priorité des priorités pour l'exécutif américain ? Le vote d'une vaste réforme fiscale, promesse de campagne du magnat de l'immobilier envers «la classe moyenne» mise en avant comme outil incontournable vers une croissance plus robuste. «L'économie a besoin d'une baisse d'impôts et le parti républicain a besoin de tenir ses promesses», résumait dimanche le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham.
Donald Trump a franchi mi-novembre une première haie, avec l'adoption d'un texte par la Chambre des représentants. Mais le plus dur est à venir : le Sénat où, avec 52 sièges sur 100, les sénateurs républicains ne peuvent se permettre plus de deux défections.
Lundi, à peine rentré des congés de Thanksgiving, il a assuré d'un tweet que la réforme se présentait «très bien» et bénéficiait d'un «fort soutien». Le vote pourtant, s'annonce délicat.
The Tax Cut Bill is coming along very well, great support. With just a few changes, some mathematical, the middle class and job producers can get even more in actual dollars and savings and the pass through provision becomes simpler and really works well!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 27 novembre 2017
Et si les républicains ont les yeux braqués sur leur réforme fiscale, les sujets de tension au Capitole sont légion.
Une date-butoir accapare tous les esprits : le 8 décembre, échéance d'ici laquelle les élus doivent trouver un accord sur le relèvement du plafond de la dette. Prérogative du Congrès, le relèvement du plafond de la dette est, depuis une vingtaine d'années, au coeur de batailles politiques homériques. Il est devenu une précieuse monnaie d'échange pour les élus de tous bords sur fond de menace d'une fermeture du gouvernement fédéral, comme ce fut le cas en 2013.
La question des «Dreamers», priorité des démocrates
Pour les démocrates, l'occasion est belle de pousser l'une de leurs priorités : offrir un statut - et des perspectives d'avenir - aux centaines de milliers de «Dreamers» (rêveurs), sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis. Donald Trump a supprimé un programme de Barack Obama les protégeant, connu sous le nom de Daca. Et donné au Congrès six mois pour trouver une solution.
Interrogée sur les débats à venir, Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, a dit lundi espérer que les démocrates ne «prennent pas le gouvernement en otage».
Qu'attendre alors de la réunion de mardi avec, autour du président, les quatre personnages les plus puissants du Capitole ?
La dernière rencontre de ce type, début septembre, avait donné lieu à un épilogue surprenant. Désavouant ses partenaires de la majorité républicaine, M. Trump s'était mis d'accord avec «Chuck et Nancy», les chefs de l'opposition démocrate, pour relever le plafond de la dette jusqu'en décembre. Quelques jours plus tard, lors d'un dîner à la Maison Blanche qui allait faire couler beaucoup d'encre, il accentuait le malaise dans son propre camp en négociant directement, avec l'opposition démocrate sur la question sensible de l'immigration.
Depuis, le ton a changé. Donald Trump n'a de cesse de dénoncer «l'obstruction» systématique de ses adversaires démocrates.