Des milliers de Zimbabwéens sont descendus samedi dans les rues d'Harare pour demander le départ du président Robert Mugabe, progressivement lâché par ses plus fidèles alliés, une mobilisation appuyée par l'armée qui a pris cette semaine le contrôle du pays.
Ces manifestations anti-Mugabe, qui ont débuté samedi matin pacifiquement, clôturent une semaine de crise politique inédite au Zimbabwe, où l'armée a pris le contrôle du pays et assigné à résidence le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1980.
Grave crise économique
L'intervention de l'armée représente un tournant dans le long règne de Robert Mugabe, marqué par la répression de toute opposition et une grave crise économique. Environ 90% de la population active est au chômage.
A 93 ans, le plus vieux chef d'Etat en exercice de la planète se retrouve de plus en plus isolé, abandonné par ses alliés les plus précieux : après l'armée et les anciens combattants, les sections régionales du parti présidentiel de la Zanu-PF l'ont à leur tour lâché vendredi soir et demandé son départ.
Les manifestants ont répondu à l'appel des anciens combattants du Zimbabwe - acteurs incontournables de la vie politique - et de mouvements de la société civile, dont le mouvement ThisFlag du pasteur Ewan Mawarire, un des acteurs clés d'une fronde anti-Mugabe réprimée en 2016 par les forces de sécurité.
Union entre les manifestants et les militaires
Des habitants applaudissaient un militaire posté sur un char. D'autres brandissent des pancartes «L'armée du Zimbabwe, voix du peuple» et acclament des portraits du chef d'état-major de l'armée, le général Constantino Chiwenga, qui «appuie pleinement» ces manifestations.
Fait rarissime, des Blancs, descendants des colons britanniques, se sont joints à cet élan populaire. «Nous sommes ici pour voir éclore un nouveau Zimbabwe pour tous les habitants de ce pays», explique Eleanor Shepherd, une courtière en assurances.