Le Royaume Uni et l’Union européenne peinent à se mettre d’accord sur les modalités de leur prochain divorce, ce qui retarde le processus et affaiblit la première ministre Theresa May.
Ils ne s’entendent ni entre eux, ni avec leurs interlocuteurs. Les membres du gouvernement britanniques peinent, depuis le déclenchement du Brexit en mars dernier, à faire avancer les négociations avec Bruxelles, qui ont jusqu’à mars 2019 pour aboutir.
La première ministre Theresa May, qui espère faire voter mardi 14 novembre par le parlement de Westminster un texte sur le sujet, risque de se trouver une fois encore confrontée aux dissensions de sa propre majorité. La situation est pourtant urgente, le négociateur de l’UE, Michel Barnier, ayant donné deux semaines à Londres pour débloquer les pourparlers.
Une facture qui ne passe pas
Principal point d’achoppement entre Londres et Bruxelles, la question du règlement financier du Brexit, c’est-à-dire du solde des engagements pris par le Royaume Uni dans le cadre du budget de l’Union. Alors que les Européens envisagent une facture d’environ 50 milliards d’euros, Theresa May s’est contentée de mettre sur la table une offre de 20 milliards.
Les partisans du Brexit avaient en effet promis des économies en cas de sortie de l’UE, certains slogans promettant jusqu’à 350 millions de livres sterling (395 millions d’euros) «sauvés» par semaine. Dans ces conditions, difficile de faire accepter que le processus induise d’abord des coûts.
Embarrassés par cet aspect financier du divorce, les Britanniques cherchent à passer directement à l’étape suivante, qui doit porter sur les nouvelles règles commerciales applicables avec les pays de l’Union. Mais celle-ci refuse d’avancer tant que la facture n’est pas réglée.
«Le gouvernement britannique n’était pas du tout préparé à ces négociations», explique Emmanuelle Saulnier-Cassa, professeure de droit public à l’Université de Versailles. «Un jeu dangereux a été joué pendant la campagne référendaire, et Theresa May en subit les conséquences», ajoute-t-elle.
Theresa May menacée
Nommée pour gérer ce dossier, la Première ministre britannique se trouve au cœur de la tornade. Contestée au sein même de son parti, elle est en outre fragilisée par les mauvais résultats de celui-ci aux législatives anticipées de juin, qu’elle avait pourtant convoquées pour renforcer sa majorité.
Un pari perdu dont elle ne cesse de payer le prix, voyant son autorité remise en cause, notamment par son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson. Elle a aussi fait face, au début du mois, à la démission de deux membres de son gouvernement, dont l’un était cité dans un scandale de harcèlement sexuel.
Malgré ces déconvenues, Theresa May ne montre aucun signe de découragement. Et continue de répéter à l’envi que le Brexit sera effectif, comme prévu, le 29 mars 2019.