La Première ministre britannique Theresa May rencontrait lundi les dirigeants du patronat européen inquiets du Brexit, au moment où son gouvernement est plus déchiré que jamais sur l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Union européenne.
Deux poids lourds pro-Brexit de son gouvernement, les ministres des Affaires étrangères Boris Johnson et de l'Environnement Michael Gove, ont exigé davantage d'enthousiasme pour préparer l'hypothèse d'un Brexit sans accord avec l'Union européenne alors que les négociations patinent, d'après le journal Mail on Sunday.
Selon eux, à ce rythme, «nous serons dans une position vraiment très difficile en 2021» à l'issue d'une éventuelle période de transition de deux ans suivant le Brexit prévu le 29 mars 2019.
Cette nouvelle démonstration des déchirements du gouvernement conservateur, entre «Brexiters» convaincus et partisans d'une approche plus accommodante vis-à-vis de Bruxelles, rend encore plus précaire la position d'équilibriste de Mme May.
Symptôme de l'inquiétude des marchés pour la stabilité à la tête du gouvernement britannique, la livre sterling perdait environ 1,0% lundi sur le marché des changes face à l'euro et au dollar vers 09H30 GMT.
Les représentants des patronats britannique et européen, qui vont rencontrer Mme May à Downing Street, devraient insister sur l'importance d'obtenir au plus vite un accord de transition entre Londres et Bruxelles afin d'atténuer le choc.
«Il y a un sentiment d'urgence croissant parmi les chefs d'entreprise», soulignait la patronne des patrons britanniques, Carolyn Fairbairn, avant la rencontre prévue en fin de matinée. Des représentants des employeurs de dix autres pays européens devaient être présents, dont le Medef français mais aussi les patronats allemand, italien, espagnol et irlandais.
Pressions de l'UE
Au-delà de ses tiraillements internes, le gouvernement britannique fait face à la pression du négociateur en chef de l'UE sur le Brexit : Michel Barnier lui a donné deux semaines pour clarifier ses engagements sur les termes du divorce, s'il veut obtenir d'ici à la fin de l'année le feu vert de Bruxelles sur le lancement des négociations commerciales sur l'après-Brexit.
Si ce délai n'était pas respecté, la perspective des négociations commerciales serait reportée à «février ou mars», selon un haut diplomate de l'UE. Une solution très peu du goût de la City de Londres alors que nombreuses firmes ont prévenu qu'elles pourraient annoncer des déplacements de personnel vers le continent si aucun progrès n'était acté avant début 2018.
Face aux négociations qui patinent, M. Barnier a déclaré se «préparer» au scénario d'une absence d'accord. «Ce n'est pas mon option, qui serait un retour en arrière de 44 ans (date de l'entrée du Royaume Uni dans l'UE, ndlr). Mais c'est une possibilité», a-t-il prévenu, dans une interview au Journal du Dimanche.
Outre ses divisions sur le Brexit, le gouvernement britannique a été affaibli ces dernières semaines par les démissions de deux ministres - la première sur fond de scandale de harcèlement sexuel et la seconde du fait de rencontres non autorisées avec des responsables israéliens.
Dimanche, le Sunday Times a assuré que 40 députés conservateurs étaient prêts à signer un texte de défiance à l'égard de Mme May. Si huit députés conservateurs supplémentaires les rejoignaient, elle pourrait se voir signifier son éviction de la tête du parti, d'après le journal.