Parti d'Irkoutsk en Sibérie le 11 septembre 2016, Yoann Barbereau, ancien directeur d'Alliance française en fuite après avoir été condamné par la justice russe, devait rejoindre jeudi soir sa ville de Nantes, après un mystérieux périple de 8.000 km et quatorze mois de clandestinité.
M. Barbereau, 39 ans, a été accueilli mercredi après-midi par sa famille à Roissy. «Je vis reclus, en cavale, depuis trop longtemps pour ne pas trouver ça bizarre. Il était temps, on ne peut pas vivre en otage toute sa vie», a-t-il déclaré, à sa descente d'avion à France 2, qui a réalisé un documentaire sur son histoire, diffusé jeudi soir dans Envoyé Spécial.
Interné en hôpital psychiatrique
Arrêté par la police russe le 11 février 2015 à Irkoutsk, où il dirigeait l'Alliance française, il a été emprisonné pendant 71 jours avant d'être interné en hôpital psychiatrique puis assigné à résidence avec bracelet électronique et interdiction de communiquer avec l'extérieur.
La justice russe lui reproche des actes à caractère sexuel sur sa propre fille Héloïse (alors âgée de 5 ans), une accusation qu'il a toujours démentie. «Yoann a été victime d'un complot qui a été commandité», affirme sa femme Daria Nikolenko, dans Envoyé Spécial.
Avant même sa condamnation à quinze ans de camp à régime sévère, il décide de prendre la fuite, estimant que son procès est pipé. Le 11 septembre 2016, il enveloppe son bracelet électronique de papier aluminium, place son téléphone portable dans un car puis disparaît sans laisser de traces.
Quelques jours plus tard, le fugitif poste un message sur Facebook, daté d'Oulan-Bator en Mongolie. «Il était caché en Russie pendant tout ce temps-là. La Mongolie, c'était un leurre», confie à l'AFP le journaliste de France 2 Tristan Waleckx, qui lui a longuement parlé à son retour en France.
Selon France 2 et la radio France Bleu Loire Océan, le Nantais se serait caché à l'ambassade de France à Moscou, une information confirmée à l'AFP par des sources proches du dossier. «Il ne peut donc pas mettre en cause le ministère des Affaires étrangères», a indiqué une de ces sources, sous couvert de l'anonymat, alors que M. Barbereau critique dans le documentaire diffusé jeudi une inertie du Quai d'Orsay dans le traitement de son dossier.
«Il a eu plusieurs planques, il n'y en a pas eu qu'une», nuance toutefois M. Waleckx.
M. Barbereau aurait décidé de prendre la fuite il y a quelques jours, à l'insu des autorités françaises et russes, à la faveur d'un regain d'attention médiatique autour de son affaire. Aidé par «des citoyens russes engagés», il a rejoint un pays balte par ses propres moyens et traversé la frontière «à pied», selon M. Waleckx.
Visé par une notice rouge d'Interpol, il a alors été arrêté par la police locale, qui l'a placé en garde à vue, avant de le laisser rejoindre la France.