Le nouveau roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, a placé vendredi les ossements de son père dans des urnes funéraires, parachèvement d'une cérémonie de plusieurs jours qui a coûté des dizaines de millions d'euros et est censée réaffirmer le statut quasi-divin de la royauté.
Depuis le sommet du crématorium doré spécialement construit pour l'occasion, le roi a pris à mains nues les os de son père et les a déposées dans six urnes, lors d'une cérémonie retransmise à la télévision. Ces six urnes ont ensuite été ramenées au palais lors d'une grande procession, en sens inverse par rapport à la veille.
Le corps du roi Bhumibol Adulyadej, décédé le 13 octobre 2016 à 88 ans, était conservé jusqu'à présent au palais.
Comme le veut la tradition, ses cendres, conservées séparément des os, seront transférées dimanche au temple Rajabopidh de Bangkok, sépulture des rois de la dynastie des Chakri. Vendredi, tous les journaux thaïlandais étaient consacrés à la grande cérémonie de crémation de jeudi, pour laquelle plus de 300.000 Thaïlandais étaient descendus dans la rue selon les autorités. "Un adieu poignant", titrait le Bangkok Post, avec une Une toute en noir.
Le statut de demi-dieu du roi Bhumibol a été cultivé depuis des décennies de culte de la personnalité le présentant comme le garant de la stabilité d'un pays marqué par de profondes divisions politiques, entre ultra-royalistes et réformateurs. Il est cependant difficile d'évaluer la popularité de la royauté thaïlandaise, protégée par une loi de lèse-majesté très stricte ayant pour conséquence une très forte autocensure.
Ces dernières années, de nombreux Thaïlandais ont été condamnés à de lourdes peines pour avoir diffamé le roi. Au lendemain de la crémation, toutes les questions demeurent quant à l'orientation que donnera Maha Vajiralongkorn à l'institution royale.