Des milliers de poussins de manchots Adélie sont morts de faim dans l'Antarctique en raison de l'étendue inhabituelle de la banquise qui a contraint les parents à aller plus loin chercher leur nourriture.
Sur la dernière saison de reproduction des 18.000 couples de manchots Adélie dans l'est de l'Antarctique, seulement deux petits ont survécu. Les autres sont tous morts de faim. Des chercheurs du CNRS expliquent ce désastre par les niveaux inhabituels de la banquise à la fin de l'été. Les parents ont été contraint d'aller plus loin pour chercher leur nourriture.
En cause : la rupture du glacier Mertz
«La région a subi les conséquences des changements environnementaux liés à la rupture du glacier Mertz», explique Yan Ropert-Coudert, chercheur à la station de recherches Dumont-d'Urville, à l'AFP. En 2010, un gigantesque iceberg de la taille du Luxembourg et d'une épaisseur moyenne de 400 mètres s'est détaché du glacier Mertz, ce qui a changé la configuration de la mer.
Les manchots se portaient bien dans l'Est Antarctique... Mais la fonte de la banquise et les glaces dérivantes affectent leur habitat. Mauvais point également pour les petits adaptés à la neige mais pas à la pluie ; le réchauffement de l'eau influence donc l'abondance de leur nourriture.
Une situation qui se réitère
En 2013, la même colonie de manchots comptait alors 20.196 couples. Aucun n'avait produit de poussin cette année-là. Un phénomène qui s'explique par les niveaux de banquise plus important, une pluie qui avait détrempé des poussins au plumage pas encore imperméable et une rapide baisse des températures.
Une situation critique qui mérite de l'attention. Pour trouver un consensus, une réunion annuelle est organisée avec les vingt-cinq membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR). À titre d'exemple, en février 2017, les Membres de l'association des armements exploitant le krill (petites crevettes dont les manchots raffolent) de manière responsable (ARK) ont pris la décision d'éviter de pêcher dans des secteurs qui posent des risques importants aux colonies de manchots.
En 2016, un accord avait été trouvé pour créer le plus grand sanctuaire marin au monde, une zone protégée, en mer de Ross. Le sanctuaire s'étend sur une superficie de plus de 1,55 million de kilomètres carrés, dont 1,12 million interdit à la pêche.