Accusé de harcèlement sexuel, le magnat d'Hollywood a été licencié dimanche 8 octobre par le conseil d'administration de la Weinstein Company, maison de production qu'il a co-fondée avec son frère en 2005.
«A la lumière de nouvelles informations qui ont éclaté ces derniers jours sur la mauvaise conduite de Harvey Weinstein, les directeurs de la Weinstein Company – Robert Weinstein, Lance Maerov, Richard Koenigsberg et Tarak Ben Ammar – ont décidé, et ont informé Harvey Weinstein, que son travail à la Weinstein Company était terminé, avec effet immédiat», a annoncé la direction dans un communiqué.
Ce licenciement intervient trois jours après la publication d’une enquête dans le New York Times mettant au jour de nombreuses accusations de harcèlement sexuel par des employées de la compagnie ainsi que des actrices dont Ashley Judd («Ruby in Paradise», «Double Jeu») et Rose McGowan («Scream», «Charmed»). Des femmes à qui Harvey Weinstein aurait demandé des faveurs sexuelles (parmi lesquelles des injonctions à le masser ou le regarder prendre sa douche) en échange d’une promotion ou en faisant peser la menace de mettre fin à leur carrière. Harvey Weinstein avait présenté jeudi ses excuses et déclaré se mettre en «congé».
Depuis l'article du New York Times - qui précise que l’homme aurait étouffé au moins huit affaires avec des arrangements financiers - cinq des neufs membres du conseil de la Weinstein Company ont démissionné. Et les langues poursuivent de se délier autour du «secret le moins bien gardé d’Hollywood». Parmi les personnes à prendre la parole au lendemain de la publication du New York Times, une journaliste de la télévision américaine, Lauren Sivan, qui selon le Huffington Post a révélé que le producteur s’était un jour masturbé en sa présence, la contraignant à regarder après qu’elle avait refusé ses avances.
Une sanction qui pourrait changer les rapports de force
S’il arrive tard, regretteront sûrement ses victimes, le licenciement d’Harvey Weinstein marque une étape importante pour toutes les femmes dans la reconnaissance de leurs droits jusque-là bafoués. Jenni Konner, productrice exécutive de la série «Girls» s'est, comme de nombreux internautes, réjoui de la nouvelle en déclarant dimanche qu’on se souviendrait de ce jour «comme celui où tout a commencé à changer», cette destitution allant désormais «effrayer tout homme d’Hollywood qui souhaiterait abuser de son pouvoir».
Surnommé «l'homme aux soixante statuettes», Weinstein a notamment produit «Gangs of New York», et «The Artist». Le succès de ce film muet avait d’ailleurs valu au magnat la Légion d’honneur en France. Avocat de Weinstein, Charles Harder a quant à lui qualifié l'article du New York Times de «saturé d'affirmations fausses et diffamatoires» et affirmé préparer une plainte contre le quotidien.