La Birmanie a décidé d'entrouvrir jeudi aux organisations humanitaires la porte de l'Etat Rakhine, théâtre de violences depuis août qui ont fait fuir près de 500.000 musulmans Rohingyas vers le Bangladesh voisin.
«Il y aura un voyage organisé par le gouvernement probablement demain (jeudi) vers Rakhine», a annoncé mercredi lors de son point-presse quotidien le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. «C'est un premier pas, il y aura des chefs d'agences (de l'ONU) qui vont y participer. Mais nous espérons surtout que c'est un premier pas vers un accès beaucoup plus libre et large dans la zone», a-t-il ajouté.
Présentes dans la capitale Rangoun, les organisations humanitaires de l'ONU avaient dû quitter cet été l'Etat Rakhine, dans l'ouest du pays, alors que l'armée birmane engageait des opérations militaires contre des rebelles Rohingyas. Ces opérations ont poussé la minorité musulmane à fuir en masse vers le Bangladesh. Depuis fin août, l'ONU a réclamé à plusieurs reprises un accès humanitaire à l'Etat Rakhine.
A ce stade, le geste des autorités birmanes reste limité à un «voyage organisé» qui devrait permettre aux responsables humanitaires d'évaluer la situation. Selon diverses sources, des villages ont été brûlés par l'armée birmane qui a aussi posé des mines le long de la frontière pour empêcher tout retour des Rohingyas.
Fosses communes
Mercredi, les militaires, très critiqués pour leur bouclage médiatique de la campagne autour de la ville de Maungdaw, ont organisé une visite éclair de quelques heures pour la presse dans le village hindou de Ye Baw Kyaw, dans la zone de Kha Maung Seik.
Les autorités birmanes y poursuivent des recherches sur des fosses communes. Au total, 52 corps ont été retrouvés, selon le gouvernement birman. L'armée assure que ce sont des villageois hindous tués par des rebelles musulmans rohingyas fin août. Le groupe ARSA (Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan) a «catégoriquement démenti» mercredi soir ces accusations.
La nouvelle visite prévue jeudi dans la région, organisée cette fois pour des représentants de l'ONU, surviendra le jour d'une nouvelle réunion à New York du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la Birmanie, réclamée par sept pays dont la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale.