La pression internationale sur la Corée du Nord est brusquement montée d'un cran jeudi, avec la menace de nouvelles sanctions américaines, européennes mais aussi chinoises pour que Pyongyang renonce à ses ambitions nucléaires.
Le président américain Donald Trump, qui s'était dit prêt mardi dans son premier grand discours aux Nations unies à «détruire complètement» ce pays et son «régime vicieux», a signé un décret ouvrant la voie à des sanctions contre des «personnes et sociétés qui financent et facilitent les échanges avec la Corée du Nord».
La mesure semble être un nouveau pas vers des sanctions ciblant des banques chinoises, et donc un moyen de faire pression sur la Chine pour qu'elle lâche définitivement Pyongyang, comme Washington le lui demande avec insistance.
Décision inattendue de la Chine
Or au même moment, Donald Trump a salué une décision «très courageuse» et «inattendue» de Pékin. Selon lui, la Banque centrale chinoise a ordonné à ses banques de juguler leurs échanges avec la Corée du Nord. Aucune confirmation officielle chinoise n'était disponible dans l'immédiat, mais une telle mesure serait un coup dur pour le régime nord-coréen, la Chine étant, et de loin, son principal partenaire commercial.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi devait s'exprimer plus tard dans la journée devant l'Assemblée générale de l'ONU, juste après son homologue russe Sergueï Lavrov.
A Bruxelles, les 28 Etats membres de l'Union européenne ont en même temps donné leur feu vert à l'adoption de sanctions supplémentaires. Selon des sources diplomatiques, il s'agit notamment d'imposer une interdiction totale pour les entreprises européennes d'exporter du pétrole vers le pays reclus d'Asie de l'Est et d'y investir.
Ce nouveau tour de vis intervient seulement dix jours après l'adoption d'un huitième train de sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU, en réponse à un nouvel essai nucléaire de Pyongyang, son plus puissant à ce jour. Elles interdisent notamment les importations de textile nord-coréen et réduisent les approvisionnements de Pyongyang en pétrole.
Pénueries d'essence
Washington, qui souhaitait un embargo pétrolier total, a dû revoir ses ambitions à la baisse pour obtenir l'aval de Pékin et Moscou, et ainsi l'unanimité des grandes puissances.
«Nous avons quelques indications selon lesquelles il commence à y avoir des pénuries d'essence», mais «nous savions qu'il faudrait du temps pour que ces sanctions aient des effets», a assuré à New York le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, qui devait participer dans l'après-midi à une réunion ministérielle du Conseil de sécurité sur la non-prolifération.
Alors que la menace nucléaire nord-coréenne pèse plus que jamais sur le rendez-vous annuel des dirigeants du monde, Washington et ses alliés espèrent que ces pressions obligeront Pyongyang à négocier l'arrêt de ses programmes militaires.
Mais au-delà de l'unité affichée lors de l'adoption des sanctions, ces mêmes dirigeants restent divisés sur la meilleure manière de mettre fin à la crise.