La police américaine a mené samedi des perquisitions dans les locaux de la mission commerciale russe à Washington, provoquant la colère de Moscou qui a accusé les Etats-Unis de violer le droit international.
Cette initiative marque une nouvelle étape dans les tensions diplomatiques croissantes entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide, sept mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui avait présenté la normalisation des relations comme un de ses objectifs.
La Russie a exigé dimanche que les Etats-Unis reviennent sur leur décision de fermer des locaux diplomatiques russes, soulignant que dans le cas contraire Washington serait seul responsable de la détérioration des relations entre les deux pays. «Nous considérons ce qui s'est passé comme un acte hostile et une grossière violation du droit international», a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Nous appelons les autorités américaines à se reprendre et à rendre immédiatement les propriétés diplomatiques russes, faute de quoi les Etats-Unis porteront l'entière responsabilité de la détérioration continue des relations» entre les deux pays, ajoute le communiqué.
Moscou accuse les services secrets
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part accusé les Etats-Unis de «piétiner le droit international». «Les mesures qui sont prises vont à l'encontre de la convention sur les relations diplomatiques. Cela ne peut absolument pas être accepté», a-t-il déclaré aux journalistes. Samedi, les Russes avaient dû évacuer leur consulat à San Francisco ainsi que deux locaux diplomatiques à New York et Washington, pour permettre à des agents fédéraux américains de les examiner afin de confirmer leur fermeture. Selon le département d'Etat, ces «inspections», menées en présence de responsables russes, avaient en particulier pour objectif de s'assurer que les diplomates russes avaient bien quitté les lieux. «Les services secrets américains, avec l'aide de la police, occupent maintenant les bâtiments», s'indigne le ministère russe dans son communiqué.
Dès vendredi, la diplomatie russe avait dénoncé par avance ces perquisitions prévues à Washington, mais également dans les locaux de son consulat à San Francisco, dont les Etats-Unis ont aussi ordonné la fermeture.
Ces fermetures sont une riposte à la réduction de 755 diplomates américains et employés, russes ou américains en poste en Russie, ordonnée fin juillet par le président russe Vladimir Poutine en représailles à de nouvelles sanctions économiques de Washington.
Ces perquisitions ont été menées en présence de représentants de l'ambassade russe à la demande insistante de ces derniers, selon un porte-parole cité par l'agence de presse Ria Novosti. Sollicité par l'AFP, le département d'Etat américain n'avait pas réagi samedi soir.
Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué Anthony Godfrey et lui avoir remis «une lettre de protestation». M. Godfrey, numéro deux de l'ambassade, est actuellement le plus haut diplomate américain en poste à Moscou, l'ambassadeur John Tefft ayant annoncé en juillet son intention de quitter Moscou dès le début du mois de septembre.
«Provocation»
«Les autorités américaines doivent cesser leurs violations grossières du droit international et renoncer à empiéter sur l'immunité des institutions diplomatiques russes», indique le ministère dans la note de protestation remise à M. Godfrey.
Ces perquisitions et «la menace de casser la porte d'entrée» constituent «un acte d'agression sans précédent, qui pourrait être utilisé par les services spéciaux américains pour organiser une provocation contre la Russie à l'aide d'objets compromettants qui y seraient placés», selon la diplomatie russe.
A San Francisco, des témoins ont rapporté avoir observé vendredi une fumée noire sortant d'une cheminée du consulat russe. Un dégagement de fumée dû à «des mesures prises pour préserver le bâtiment», a affirmé sans plus de précision la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins semblé dédouaner vendredi l'administration Trump de la responsabilité de la détérioration des relations entre les deux pays.
«Toute cette histoire a été lancée par l'administration Obama pour nuire aux relations russo-américaines et ne pas permettre à Trump de les faire sortir de l'ornière», a-t-il estimé.
Selon M. Lavrov, le Congrès et l'establishment américain «tentent de lier les pieds et les poings (de l'administration Trump), d'inventer une prétendue ingérence russe, un lien entre lui et la Russie, entre sa famille et la Russie». Le président américain est soupçonné par ses détracteurs d'avoir notamment bénéficié d'actions en coulisses des Russes pour saboter la campagne d'Hillary Clinton lors de la présidentielle américaine en 2016.
«Nous ne cherchons pas à nous fâcher avec les Etats-Unis», a ajouté M. Lavrov, affirmant rechercher des «approches basées sur le respect mutuel» afin de trouver des compromis avec Washington.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et Sergueï Lavrov pourraient se rencontrer en septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.