Le président américain Donald Trump et son épouse Melania sont arrivés samedi à Houston, au Texas, pour y rencontrer des rescapés de la tempête Harvey qui a semé la désolation dans cette immense ville portuaire de 2,3 millions d'habitants.
L'avion présidentiel Air Force One s'est posé en milieu de journée, sous un immense plutôt dégagé, sur la base militaire d'Ellington Field. Si le locataire de la Maison Blanche s'était déjà rendu dans cet Etat du sud en début de semaine, il était resté loin des zones les plus touchées et n'avait pas rencontré de victimes.
TEXAS: We are with you today, we are with you tomorrow, and we will be with you EVERY SINGLE DAY AFTER, to restore, recover, and REBUILD! pic.twitter.com/p1Fh8jmmFA
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 septembre 2017
«L'Amérique est avec vous!», avait-il tweeté au moment de quitter Washington à l'attention des deux Etats du Sud frappés par Harvey, qui a fait au moins 42 morts et causé des dégâts estimés entre 30 et 100 milliards de dollars. Le président et la Premier dame, casquette «TEXAS» vissée sur la tête et chaussures de sport aux pieds, ont été accueillis par le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott.
Des fonds à débloquer en urgence
Il a passé près de 45 minutes dans un centre de conférence de la ville aménagé pour accueillir des milliers de personnes ayant fui leur maison face à la montée des eaux. Très à l'aise et tout sourire, le président septuagénaire, huit fois grand-père, s'est longuement assis pour discuter et jouer avec des enfants autour d'une table basse, avant de participer à une distribution de repas (hot-dog et chips).
«J'ai vu beaucoup de bonheur. Même si cela a été très dur, (la réaction) a été fantastique. Il y a beaucoup d'amour», a-t-il déclaré lors d'un bref échange avec les journalistes. «Les choses se passent bien, les gens apprécient ce qui a été fait». «Nous signons beaucoup de documents pour que l'argent arrive à Houston», a-t-il ajouté, rappelant que son administration avait demandé au Congrès de débloquer près de 8 milliards de dollars en urgence après le passage de la tempête Harvey, qui a fait au moins 42 morts et causé des dégâts estimés entre 30 et 100 milliards de dollars.
Quatrième ville américaine, Houston a été durement frappée par les inondations, mais les signes de retour à la vie normale se multipliaient : rétablissement du courant, reprise des réseaux de transport en commun, vastes opérations de nettoyage en cours. Symbole fort : l'équipe vedette locale de baseball, les Houston Astros, a annoncé qu'elle jouerait ses deux matchs prévus samedi contre les New York Mets.
Dans le centre de conférence de la ville, qui a accueilli des milliers de personnes ayant fui leur maison face à la montée des eaux, les départs se multipliaient, nombre de rescapés ayant reçu des bons pour des chambres d'hôtel. Des «cheerleaders» de l'Université de Houston avaient fait le déplacement. «Nous sommes ici pour passer un moment avec les enfants, mettre de l'ambiance», expliquait un étudiant présent sur les lieux.
Journée de prière
La tempête, au départ un ouragan de force 4 à son arrivée voilà une semaine, s'est maintenant largement dissipée, laissant la place à une «dépression tropicale» selon le Centre national des ouragans. La présidence a présenté vendredi soir au Congrès une demande pour débloquer 7,85 milliards de dollars en urgence afin de venir en aide aux victimes. Dans son courrier à la Chambre des représentants, le directeur du budget Mick Mulvaney précise que l'administration compte demander par la suite 6,7 milliards de dollars d'aide supplémentaire et appelle le Congrès à relever le plafond de la dette. Plus de 100.000 maisons sont endommagées, tandis que 43.500 personnes se trouvent dans des abris et 436.000 foyers ont présenté une demande d'aide, selon cette lettre. M. Trump a déclaré que dimanche serait «une journée nationale de prière» pour les victimes de la tempête. Sur place, les habitants qui ont pu rentrer chez eux retrouvaient leur maison abandonnée plusieurs jours, où une eau boueuse est montée au moins jusqu'au niveau des fenêtres. Les voitures, si cruciales en Amérique, étaient souvent bonnes pour la casse, après avoir été noyées jusqu'au toit.
Déménager, changer d'Etat
«Je n'ai jamais rien vu de tel durant les 37 années de ma vie», se lamentait Tobias James en inspectant vendredi les dégâts dans sa maison de Port Arthur. Cet employé d'une raffinerie se console de savoir tous ses proches vivants: deux jours auparavant, il avait été évacué par hélitreuillage avec sa femme et ses enfants. Mais des dizaines de milliers d'habitants restent hébergés dans des centres d'accueil d'urgence. La lenteur de la décrue interdit tout retour chez eux.
Et l'incertitude domine. «Je n'ai aucune nouvelle de ma maison, j'attends toujours, la semaine a été angoissante», racontait April King, 35 ans, mère de trois enfants dont la maison à Cypress, au nord de Houston, a été lourdement endommagée. «Le prochaine étape est de trouver un hôtel», poursuivait la jeune femme en veste de survêtement verte, les cheveux retenus en palmier. La suite ? «Probablement déménager, changer d'Etat. Trop d'ouragans ici...». A Rockport, au sud-ouest de la métropole de Houston, l'électricité demeurait coupée, des maisons penchées étaient promises à la destruction.
D'autres n'étaient plus qu'un amas de débris. Le retour à la normale prendra des années, a averti vendredi Greg Abbott, le gouverneur républicain du Texas. «Les gens doivent comprendre que ce n'est pas un projet à court terme. Cela va être un programme sur des années pour que le Texas puisse émerger de cette catastrophe», a prévenu l'élu. Un nouvel incendie s'est par ailleurs déclenché vendredi en fin de journée dans l'usine de produits chimiques d'Arkema. Au total, neuf conteneurs contenant quelque 225 tonnes de peroxyde organique sont sur le site. Le président d'Arkema Etats-Unis, Richard Rowe, a indiqué que de nouveaux incendies étaient inévitables et que ces conteneurs «devraient prendre feu dans les prochains jours».