L'Allemagne a dénoncé vendredi l'arrestation pour des «raisons politiques» de deux de ses ressortissants en Turquie.
«Le consulat général d'Izmir a été informé des deux arrestations par des sources non-officielles. La police de l'aéroport d'Antalya (les) a ensuite confirmées», a annoncé la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Adebahr, lors d'un point presse.
Les autorités consulaires n'ont pu ni rencontrer ni s'entretenir avec ces deux personnes, si bien que la porte-parole a refusé de donner toute autre précision sur l'affaire et sur l'identité des détenus.
«Nos demandes à la Turquie sont très claires et la chancelière l'a redit ces derniers jours : nous attendons de la Turquie la libération de tous les ressortissants allemands détenus pour des motifs injustifiés», a de son côté déclaré le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert.
Des relations tendues entre Allemagne et Turquie
Au total, selon Berlin, douze Allemands sont détenus pour des motifs «politiques» en Turquie. Quatre d'entre eux ont la double nationalité. Le cas le plus emblématique est celui du germano-turc Deniz Yücel, correspondant du journal Die Welt en Turquie, détenu depuis fin février pour propagande «terroriste» et incitation à la haine. Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a qualifié de séparatiste kurde et d'«agent allemand».
Les relations entre la Turquie et l'Allemagne se sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, qui nie les faits.
Ankara accuse Berlin de faire preuve d'indulgence envers des «terroristes», en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés. L'Allemagne de son côté condamne fermement l'ampleur des purges entreprises en Turquie après le putsch manqué, au cours desquelles plus de 50.000 personnes ont été arrêtées.
Intervention d'Erdogan dans les élections allemandes
Les deux pays se sont aussi opposés sur la qualification par les députés allemands de génocide des massacres d'Arméniens dans l'empire Ottoman au début du 20e siècle, ou encore sur des satires télévisées allemandes visant le président turc.
Dernier conflit en date, le président turc a appelé en août les Turcs d'Allemagne à ne voter ni pour le parti chrétien-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, ni pour le Parti social-démocrate (SPD), ni pour les Verts, lors des législatives de septembre, qualifiant ces partis d'«ennemis de la Turquie».
L'Allemagne, qui compte quelques 3 millions de personnes d'origine turque dont environ la moitié peut voter, a dénoncé une ingérence inacceptable.