Le premier ministre canadien Justin Trudeau a exhorté mercredi les demandeurs d'asile à ne pas traverser la frontière canado-américaine hors d'un point d'entrée officiel dans le but de présenter leur dossier au Canada.
«Vous ne serez pas avantagé si vous choisissez d'entrer au Canada de façon irrégulière. Vous devez suivre les règles et il y en a beaucoup», a averti le Premier ministre à l'issue d'une réunion intergouvernementale sur l'augmentation récente du nombre de demandeurs d'asile traversant la frontière à pied.
Depuis juillet, plus de 6.000 personnes ont traversé la frontière canado-américaine hors des points de passage officiels pour présenter une demande d'asile au Canada. «Le Canada est une société ouverte et accueillante, mais notre tâche première est de protéger nos citoyens», a rappelé Justin Trudeau lors d'une conférence de presse.
Faux espoirs ?
Les arrivées récentes sont selon lui rigoureusement examinées et ne bénéficient pas d'un «raccourci» par rapport aux demandes d'asile présentées en bonne et due forme à un poste frontalier. Après une rencontre avec des ministres québécois, Mr. Trudeau a annoncé la mise en place d'un groupe de travail pour mieux réguler les traversées quotidiennes de la frontière par les zones boisées et les terres agricoles.
Plus tôt, l'opposition conservatrice a critiqué l'approche du gouvernement fédéral face à ce phénomène qu'elle qualifie de «crise», qui aurait été favorisée par une déclaration de Justin Trudeau en janvier sur Twitter : «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera...»
...indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. #BienvenueAuCanada
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 28 janvier 2017
La députée conservatrice Michelle Rempel estime que ce tweet a donné «de faux espoirs aux gens traversant la frontière» et a créé un embouteillage dans le processus des demandes d'asile. Face à l'afflux soudain de milliers de demandeurs d'asile, le Canada a augmenté ses effectifs au sein des services d'immigration et étendu les patrouilles des autorités frontalières et policières à ses frontières.
L'armée a également été appelée en renfort pour construire des camps d'hébergement temporaires au Québec et en Ontario suite à la saturation de la dizaine de centres d'accueil de Montréal, dont le stade olympique. La plupart des demandeurs d'asile arrivés récemment sont d'origine haïtienne et fuient les Etats-Unis avant la perte prévue en fin d'année d'un statut de protection temporaire accordé à près de 60.000 Haïtiens après le séisme de 2010.